Prix 1990 : premiers prix décernés par la Fondation Napoléon
PRIX PREMIER EMPIRE
Sophie DE LASTOURS et Serge NABOKOV, Koutousov, le vainqueur de Napoléon, Paris, Albin Michel
Selon Chateaubriand, la plus grande figure de l’épopée de 1812, après celle de Napoléon, est Alexandre Ier. Pourtant, ce n’est pas le Tsar mais le feld-maréchal prince Koutouzov-Smolensky qui affronta et vainquit l’Empereur.
Illustre chef de guerre, qui inspira Tolstoï dans Guerre et Paix, Koutouzov était aussi un homme de grande culture. Soldat, diplomate, administrateur, expert en art militaire, il atteignit le sommet de sa gloire en 1812. Contre vents et marées, contre son souverain et son état-major, il sut arrêter la marche inexorable de Napoléon. Pouchkine le proclama « sauveur de la Russie ».
Extrêmement populaire dans son pays, ce personnage laconique et secret déchaîna dès son époque jalousies et médisances qui, mêlées à la ferveur napoléonienne, marquèrent durablement l’historiographie française. Koutouzov est, de tous les grands soldats européens, le moins et le plus mal connu. En décryptant les sources contradictoires et en utilisant sa correspondance, Serge Nabokov et Sophie de Lastours rendent hommage à celui que Madame de Staël, la première, surnomma le « cunctator russe ».
PRIX SECOND EMPIRE
Philippe SEGUIN, Louis Napoléon le Grand, Paris, Grasset
Napoléon III est, sûrement, le plus mal aimé des chefs d’État de la France et le Second Empire le plus mal connu de ses régimes. Pourtant de 1848 à 1870 se crée la France contemporaine. S’il inaugure son règne par un coup d’État, Louis Napoléon Bonaparte, aussitôt, rétablit le suffrage universel. A la différence de son oncle, il sera le champion du progrès social (droit à l’instruction pour les filles, droit de réunion, droit de grève…), autant que de la prospérité économique : il étend le réseau de chemin de fer, développe l’industrie, favorise la recherche scientifique, modernise les villes. Avec le Second Empire, le rayonnement de la France est à son apogée. La gloire militaire ne manque pas : Alma, Magenta, Solferino… L’Italie lui doit son unité et le Mexique sa liberté. L’empire colonial est déjà largement constitué. Mais il y aura Sedan. Le désastre. On ne pardonne ni les mauvais débuts ni les défaites ! En historien autant qu’en politique et dans la lignée des chercheurs anglo-saxons, contre Victor Hugo irréductible ennemi de l’Empereur, Philippe Séguin le proclame Louis Napoléon le Grand.