Bourses d’études 2021

BOURSES PREMIER EMPIRE
De la Révolution française à la fin de la monarchie de Juillet

  • David Gralik, Corps d’officiers de l’armée du Duché de Varsovie. Thèse sous la dir. du prof. Maciej Franz (Université Adam Mickiewicz, Poznan – Pologne)

À l’époque napoléonienne, les Polonais ont déployé des efforts importants pour restaurer l’indépendance de leur pays. En témoigne le fait que l’armée polonaise fondée en 1806 a participé à toutes les campagnes de la période 1807-1814. L’historiographie s’est jusqu’à présent essentiellement concentrée sur la présentation des batailles auxquelles les troupes polonaises ont pris part, et beaucoup moins sur les recherches concernant la structure de l’armée du Duché. Or son corps d’officiers était composé d’individus issus de milieux différents : volontaires entamant leur service militaire, anciens officiers ayant combattu pour la France ou du côté des Alliés dans les années 1797-1805, polonais ou étrangers (Français, Allemands). Cette situation a provoqué de nombreux conflits à tous les échelons du commandement et questionne l’image de la pratique du service et la mise en œuvre de solutions issues de l’armée napoléonienne. Cette thèse a pour objectif d’examiner la structure du corps d’officiers en termes d’âge, d’origine sociale et d’expérience militaire, et d’analyser dans quelle mesure le niveau de formation, le milieu social, l’expérience acquise ainsi que les modèles napoléoniens ont façonné le corps d’officiers polonais, afin de les comparer avec les corps d’officiers d’autres armées de la période.

  • Marin Menzin, Le général Duroc (1772-1813), grand-maréchal du Palais, diplomate et confident de Napoléon Ier. Thèse sous la dir. du prof. Laurent Jalabert (Université de Lorraine-Nancy II)

Le projet de cette thèse tend à s’inscrire dans le renouvellement historiographiques des études napoléoniennes. Issu de la France d’Ancien Régime, devenu personnage central du système napoléonien, dont l’influence fut déterminante en matière militaire, diplomatique et institutionnelle, Duroc n’en demeure pas moins l’un des personnages les moins bien connus de cette époque. D’une profil et d’une personnalité proche de celle d’un Caulaincourt, sa carrière offre des perspectives d’études élargies qui permettront ainsi de la placer au cœur d’un regard renouvelé à la fois sur l’histoire diplomatique napoléonienne au travers de l’Europe et au cœur du système de gouvernement et de la Maison impériale. Le retour en grâce des études biographiques universitaires et napoléoniennes encourage à consacrer ces travaux au général Duroc. Enfin, l’absence d’études d’ampleur autour de son personnage depuis l’unique biographie publiée en 1913 par Jean de la Tour et l’émergence de nouveaux travaux consacrés à la Maison de l’Empereur, grâce aux études de Pierre Branda et Charles-Eloi Vial, achèvent de placer ce projet de thèse dans une dynamique nécessaire et en cours de construction.

  • Quitterie Murail, La Grande Armée victorieuse : culte de la victoire, culture de la récompense (1805-1815). Thèse sous la dir. du prof. Jacques-Olivier Boudon (Paris IV – Sorbonne Université)

Dans l’inconscient collectif, trois images viennent tout de suite à l’esprit en ce qui concerne le Premier Empire : Austerlitz, la Légion d’honneur, et le grognard, portant son fameux bonnet à poil. Cependant, on s’interroge rarement sur le lien qu’entretiennent ces trois symboles mythiques. C’est pourtant ce soldat dont les jambes se meuvent des jours entiers de Boulogne à Wertingen, et dont les bras armés permettent de remporter un avantage décisif sur  les deux empereurs d’Autriche et de Russie. Et en reconnaissance de sa participation à la victoire du 2 décembre 1805, le soldat reçoit la croix des braves. Pour récompenser cette fidélité, et cette intrépidité, Napoléon organise, étend, diversifie, son système de récompense. L’élément central, commun à Austerlitz, aux décorations militaires, et au brave, réside dans une seule figure, celle de l’Empereur, chef de guerre victorieux, adulé de ses hommes, qui distribue les honneurs dans le cadre de sa munificence impériale. Ces victoires, cette si fameuse et convoitée Légion d’honneur, appartiennent-elles alors à l’Empereur ou à ses soldats ? Quel est le vainqueur d’Austerlitz : Napoléon, ou le fantassin du 4e corps, qui derrière le maréchal Soult, mène l’attaque sur le plateau de Pratzen ? S’interroger  sur la gestion napoléonienne  de la victoire et de la récompense porte ainsi à se questionner sur le soldat de la Grande Armée, ses motivations, ses attentes, son rôle dans le système impérial tout entier.

BOURSES XIXe SIÈCLE

  • Bourse « MINOU AMIR-ASLANI » 2021 : Arnaud Caleiras-Scuiller, L’Appel au Peuple, fonder la légitimité politique par l’onction populaire dans la France du XIXe siècle. Thèse sous la dir. des prof. Ludovic Laloux et Jean-Pierre Deschodt (CRISS/Université Polytechnique Hauts-de-France)

Le principe de l’Appel au Peuple constitue un enjeu majeur dans le débat politique  français au XIXe siècle. Le recours au suffrage populaire comme onction pour conférer aux institutions une stabilité permettant de sortir définitivement de l’anarchie, fut défendu par différents courants et sensibilités politiques au cours du siècle. Tirant ses origines de l’Antiquité romaine, l’Appel au Peuple fait irruption dans le débat public lors de la Révolution française, puis se trouve appliqué par Napoléon Bonaparte, à travers la pratique des plébiscites du Consulat et du 1er Empire.  L’idée d’ Appel au Peuple réapparaît à partir de 1830, le régime de Juillet présentant le paradoxe de s’appuyer sur le principe de la souveraineté nationale, bien qu’aucune ratification populaire n’intervienne pour légitimer le nouveau régime. La révolution de 1848, en instaurant le suffrage universel masculin, relance l’idée d’Appel au Peuple chez une partie des Légitimistes, mais leurs divisions favorisent le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, qui s’appuie sur le recours au Peuple, à travers les plébiscites de 1851-1852, pour restaurer la dignité impériale. Les débuts de la IIIe République voient la constitution d’un groupe parlementaire bonapartiste de l’Appel au Peuple, dans la perspective d’instaurer un Troisième Empire. La mort du Prince impérial en 1879 marque la fin de cet espoir et le recours au Peuple se retrouve dès lors dans les courants du boulangisme et du républicanisme plébiscitaire de Déroulède. À travers l’histoire de l’Appel au Peuple au XIXe siècle, l’objet de cette thèse est ainsi d’étudier une idée majeure de la vie politique française  en remontant  à ses origines et comprendre quelle a pu être son influence sur l’opinion des contemporains et sa postérité au XXe siècle.

  • Justine Gain, Jean-Baptiste Plantar (1790-1879), la fabrique de l’éclectisme ornemental du XIXe siècle. Thèse sous la dir. du prof. Jean-Michel Leniaud (EPHE-Ecole du Louvre)

Cette thèse à pour objet Jean-Baptiste Plantar (1790-1879), dernier sculpteur des Bâtiments du roi, est un personnage crucial des grands chantiers architecturaux du x1x• siècle, du Premier au Second Empire. Après une formation à l’École des Beaux-arts, il s’insère rapidement au sein des réseaux artistiques opérant dans les bâtiments officiels du temps, à l’instar du Louvre où il réalise notamment les décors du Grand escalier imaginé par Pierre-Léonard Fontaine, ami et collaborateur régulier du sculpteur. Éclipsée dès l’origine par ces figures célèbres d’architectes au service desquels il travaille, l’œuvre de Jean-Baptiste Plantar n’en demeure pas moins l’un des marqueurs visuels les plus omniprésents des réalisations de cette époque comme en témoignent les châteaux de Fontainebleau ou de Versailles, le Palais-Royal ou encore le palais Tuileries. Fondues dans ces ensembles architecturaux, ses créations, peu souvent étudiées, constituent une partie intégrante de l’identité esthétique si caractéristique de cette période, une identité visuelle qui se décline volontiers sur d’autres supports. Plantar donne, en effet, des modèles pour l’industrie de la fonte de fer, alors en plein essor, de même que pour différentes pièces de mobilier destinées à de prestigieux commanditaires à l’instar de l’impératrice Eugénie. C’est en artiste accompli que Plantar se retire des affaires dans les années 1860, après une vie consacrée à fabriquer l’éclectisme ornemental qui caractérise le XIXe siècle jusqu’au Second Empire.

  • Auriane Gotrand, Peinture, Vitrail, Critique d’art- Le parcours d’un artiste chrétien Claudius Lavergne (1815-1887). Thèse sous la dir. des prof. Jean-François Luneau et Michel Herold (Université Clermont Auvergne/Sorbonne Université)

Cette thèse veut participer à la redécouverte progressive de la peinture religieuse et du vitrail français du XIXe siècle. Ceux-ci ont suscité, depuis les années 1980, de nombreux travaux qui restent trop partiels en raison de l’immensité et la richesse de ce patrimoine encore menacé de nos jours. L’étude systématique et approfondie d’un atelier tel que celui de Claudius Lavergne est susceptible d’apporter de nouveaux matériaux à l’histoire artistique et religieuse de cette époque. Cet élève d’lngres et ami de Lacordaire, fut l’une des figures les plus significatives du renouveau catholique des années 1830-1860, ainsi que l’un des acteurs majeurs de la production de vitraux sous le Second Empire et la IIIe République. Il participa aux débats majeurs qui animaient alors le métier ; il lutta contre son industrialisation, allant jusqu’à créer une corporation « d’artistes peintres-verriers », tout en s’opposant au style dit« archéologique» prôné par Viollet-le-Duc. Les sondages dans les archives publiques et les contacts noués avec des collectionneurs et les descendants de l’artiste ont permis de mettre au jour un nombre important d’œuvres, ainsi qu’une masse considérable de documents de première main totalement inédits. Ces sources sont extrêmement précieuses pour mieux saisir les mécanismes de la création artistique ainsi que le déroulement d’une commande de peinture ou de vitrail. Lavergne fut l’un des collaborateurs les plus assidus du journal catholique L’Univers; il commenta quasiment tous les Salons et Expositions universelles entre les années 1850 jusqu’à sa mort en 1887. La critique d’art catholique n’ayant presque jamais été étudiée, ces écrits d’une ampleur étonnante (241 articles parfois réédités sous forme de brochure) offrent un point de vue tout à fait singulier sur l’art du Second Empire et du début de la IIIe République.

  • Justine Lecuyer, Le tapissier-décorateur de 1848 à 1914 : Permanences et mutations d’une profession au coeur de l’industrie française de l’ameublement. Thèse sous la dir. du prof. Jean-Baptiste Minnaert (Sorbonne Université)

Alors que le tapissier-décorateur est une figure incontournable de la décoration intérieure dans la seconde moitié du XIXe siècle, il n’a encore jamais fait l’objet d’études. Cette thèse propose une approche transdisciplinaire afin de dresser à la fois l’environnement socio-économique de cette profession mais également l’histoire de leurs créations. Marchand de meubles et décorateur, le tapissier conçoit, fabrique et pose l’ensemble du décor intérieur. Ce décor comprend notamment tentures, rideaux, tapis, garnitures de sièges, de lits et de cheminées. Spécialiste de la mise en œuvre du textile, ses travaux sont rapidement associés  aux franges – à l’excès – et au capiton. Pourtant, derrière les critiques formulées dès la fin du XIXe siècle sur les excès supposés de leurs travaux, se cache une production riche et variée. Outre l’étude des savoir-faire et de l’organisation de la profession dans sa dimension économique, technique et sociale; notre thèse portera sur l’analyse des œuvres et de la production des tapissiers et à leur rôle de prescripteur de goût notamment à travers les expositions universelles. En particulier, nous étudierons les transformations de l’industrie des tapissiers-décorateurs notamment la concurrence avec les maisons d’ébénisterie et les grands magasins. Cette étude permettra d’éclairer d’un jour nouveau les ensembles décoratifs de ces tapissiers et leur pratique artistique au cœur d’une industrie de l’ameublement en pleine mutation

30 novembre 2021