Bourses d’études 2016

BOURSES PREMIER EMPIRE

  • Bourse « MINOU AMIR-ASLANI » 2016 : Laura BROCCARDO, Défaire l’histoire, refaire l’Histoire : l’écriture des possibles dans l’œuvre de Germaine de Staël (1785-1818).
    Thèse d’Histoire politique sous la dir. du prof. Florence LOTTERIE (Université Paris VII – Diderot)
    Comment être un acteur ou une actrice de sa vie et, a fortiori, de l’Histoire qui est en train de se jouer en vitesse accélérée dans les années 1790-1820 ? Dans une période charnière où la Révolution française et l’Empire ébranlent toutes les assises sociales et politiques, la voix de Germaine de Staël s’élève pour interroger les possibilités de l’action individuelle. La question est urgente en effet : face à toutes les forces d’entrave (psychologiques, sociales, politiques, historiques) qui lient, qui empêchent un individu, homme comme femme, il faut « résister, toujours résister ».
    En dépit de la tournure que peut prendre une vie ou l’Histoire (Terreur, « joug » bonapartiste), les possibles sont toujours là. Comment l’écriture de la (petite) histoire, à travers pièces et romans, et de la (grande) Histoire peut-elle – car elle le doit – révéler qu’il y a une possibilité d’agir, à échelle individuelle comme collective ?
    Conformément au présupposé narratologique et éthique qui est le sien – l’exigence impérieuse de « concilier le plan avec la liberté » –, Staël en penseuse courageuse se doit de prendre à bras le corps tout le sombre de l’humain et de l’Histoire : penser le devenir historique implique ainsi de raisonner la cruauté humaine, la violence de l’Histoire, l’avilissement de tout un peuple, l’absence de scrupules du politique. Moraliser l’avenir, faire advenir la liberté, refaire l’Histoire en somme ne se fera pas sans une exploration des possibles obscurs à laquelle le tournant du Siècle des Lumières et l’Empire ont confronté les contemporains.

En 2012, la Fondation Napoléon et Me Ardavan Amir-Aslani sont convenus que, pendant cinq ans, une bourse d’études de la Fondation Napoléon porterait le nom de Mme Minou Amir-Aslani.
Minou Amir-Aslani, née à Téhéran le 18 janvier 1935 et décédée à Paris le 13 septembre 2010, fut une grande dame passionnée de littérature et d’histoire. Particulièrement intéressée par l’histoire de la Révolution française et du Premier Empire, elle éprouva un réel intérêt pour la vie de l’Empereur Napoléon Ier et du rôle joué par ce dernier dans la codification des lois et dans l’organisation du système judiciaire français. Née en Iran à un moment déjà trouble de l’histoire de ce pays, elle n’a cessé, tout au long de sa vie, passée principalement en France et en Allemagne, d’œuvrer pour l’ouverture d’esprit et de l’acceptation de l’autre dans sa différence. Admiratrice de l’enseignement de l’histoire et du droit en France, pays de tradition de droit civil qui influença le système judiciaire et le droit positif de son pays d’origine, elle a toujours accordé le plus grand respect à la recherche universitaire. Elle considérait que la seule voie qui valait la peine d’être empruntée était celle de la quête de la connaissance, garante de l’indépendance d’esprit et de la liberté de ceux qui choisissaient de la prendre.

  • Charlotte DUVETTE, Les transformations de Paris de 1789 à 1830, étudiées à travers l’architecture privée.
    Thèse d’Histoire de l’Art sous la dir. du prof. Jean-Philippe GARRIC (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
    La physionomie architecturale de la capitale a été mise en lumière par de nombreuses études menées sur la période allant du Moyen Âge au XXe siècle. Néanmoins, la question de l’évolution de l’habitat, qui représente pourtant la part la plus importante du bâti d’une ville, n’a été que trop peu explorée de la Révolution à la Restauration. En dépit de quelques ouvrages centrés sur les quartiers en pleine expansion, tels le Faubourg Poissonnière ou la Nouvelle Athènes, il demeure beaucoup de lacunes concernant ce sujet.
    Le travail de recherche effectué sur la rue de Rivoli, délaissée par les Parisiens sous le Premier Empire, a porté notre intérêt vers les autres formes d’habitat – que l’on sait florissant – qui se développent au même moment : « Quant aux constructions tout à fait privées, entreprises par de simples particuliers, le nombre en fut assez considérable pendant la période napoléonienne » (Jµ.-C. Krafft). Les recueils de modèles de « maisons » parisiennes qui circulent entre 1800 et 1830 témoignent de ce foisonnement architectural, que l’on retrouve aussi dans diverses sources d’archives, dans les fonds privés, ou dans les collections des musées.
    On y constate un engouement pour l’architecture de l’Antiquité et, principalement, de la Renaissance italienne (véhiculée par les recueils de modèles italiens) dont les caractéristiques sont adaptées puis appliquées par les architectes à l’habitat parisien. Malgré sa mise à mal par la densité des régimes postérieurs, il s’agit de restituer une période délaissée de l’histoire de l’architecture privée parisienne et le cadre urbain qui répond à un idéal de ville aérée, dans lequel celle-ci a évolué à l’aube du XIXe s.
  • Adriàn FERNANDEZ ALMOGUERA, Sous influence française : le renouveau de la pensée architecturale espagnole entre la révolution et le règne de Joseph Bonaparte.
    Thèse d’Histoire de l’Art sous la dir. du prof. Alexandre GADY (Université Paris IV – Sorbonne)
    Ce projet de thèse a pour but d’étudier l’influence française sur l’architecture espagnole pendant la période révolutionnaire et le règne de Joseph Bonaparte. Pour cela, nous avons adopté une démarche d’étude comparative des transformations artistiques développées entre Paris, Rome, Naples et Madrid à l’égard du renouveau de l’art de bâtir en Espagne pendant cette période. La thèse est divisée en deux blocs thématiques et chronologiques principaux, que traversent l’étude de l’architecture, de l’urbanisme et du décor architectural.
    Le premier (1789-1808) analyse l’implantation dans l’architecture espagnole des nouveautés issues de l’évolution théorique architecturale conçue dans le Paris révolutionnaire. Le deuxième et principal (1808-1813) explore les transformations expérimentées par l’architecture espagnole, Madrid étant l’objet d’étude central, sous le règne de Joseph Bonaparte. Pour cela nous étudierons l’ensemble des changements culturels dans les arts et l’architecture espagnols développés à Madrid par le gouvernement du roi Joseph, le but principal étant de remarquer scientifiquement l’importance, souvent ignorée, du rôle joué par le frère de l’Empereur dans le vaste programme de reformes artistiques et culturelles de son règne.
    Ces problématiques s’appuient sur la recherche scientifique d’un grand nombre de sources écrites et graphiques conservées dans les principales archives des trois capitales comparées, dont la plupart restent encore inédites. Nous souhaitons éclairer la question des phénomènes de translatio artistique dans l’Europe de cette époque, revaloriser l’importance de la période napoléonienne pour la culture artistique de l’Espagne contemporaine, et contribuer finalement à écrire un nouveau chapitre de l’histoire des arts du Premier Empire.
  • Richard SIEGLER, Napoléon et la restauration des octrois : vie urbaine, finance et la consommation dans les municipalités de France, 1798-1815.
    Thèse d’Histoire sous la dir. du prof. Rafe BLAUFARB (Florida State University, États-Unis).
    Sous l’Ancien Régime, les octrois étaient la base de la fiscalité municipale et un supplément considérable à celle de l’État. Devant la persistance des révoltes contre l’octroi à Paris, Lyon, Marseille, et d’autres villes, l’Assemblée nationale l’abolit en 1791. En dépit du rôle capital joué par cet impôt dans le financement municipal, l’Assemblée ne l’a pas remplacé. Pourtant le besoin en était grand.
    C’est seulement à la fin du Directoire que le corps législatif commença à remédier à cette situation désastreuse. En 5 Ventôse an VIII, il autorisa les municipalités à rétablir l’octroi, qu’il rebaptisa « octroi municipal et de bienfaisance ». Mais le Conseil des Cinq-Cents n’avait que commencé à recevoir les premières demandes des municipalités quand le 18 brumaire renversa le gouvernement. Il est donc dévolu à Napoléon à établir un nouveau système fiscal pour les villes françaises. L’octroi serait au cœur de ses efforts – efforts qui seraient couronnes de succès. Les finances urbaines allaient reposer sur l’octroi jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
    En abordant l’histoire de l’octroi, cette thèse cherchera à recentrer notre attention sur la question des finances urbaines, de l’administration municipale, et de la consommation pendant l’époque napoléonienne. Par ailleurs, en analysant cette lutte des deux côtes, d’en haut et d’en bas, ces recherches permettront de mieux saisir la texture de la vie locale pendant l’époque napoléonienne.

BOURSES SECOND EMPIRE 

  • Isabelle MAYAUD, Circonscrire le « primitif » : la construction sociale des frontières de la musique en France de 1852 à 1914.
    Thèse de Sociologie sous la dir. du prof. Laurent JEANPIERRE (Université Université Paris 8).
    Entre le XVIe et le XXIe siècle, les frontières du monde de la musique en France connaissent un profond bouleversement. Notre recherche offre un nouvel éclairage sur ce processus de longue durée en se centrant sur la contribution majeure, mais négligée, du régime du Second Empire à la production d’une vision originale des divisions du monde de la musique, autrement dit, à la composition d’une partition moderne.
    Informée par un corpus riche de milliers de feuillets inédits, et de plusieurs centaines d’imprimés, produits d’une activité savante, cette recherche examine comment se forge l’appellation de « musique traditionnelle française », sous l’effet d’une politique de patrimonialisation des chants populaires, engagée par Louis‐Napoléon en 1852. Puis, à partir d’un examen de la politique de conservation des instruments de musique, qui se concrétise, notamment, par l’inauguration du Musée instrumental du Conservatoire en 1864, elle montre comment la catégorie s’internationalise.
    En présentant une histoire de l’institution de la catégorie savante des musiques dites traditionnelles et de la reconfiguration des savoirs qui en découle, ce travail souhaite contribuer à la connaissance de la construction historique de nos catégorisations esthétiques ; et plus particulièrement à la reconnaissance de l’importance de la politique patrimoniale initiée par le Second Empire et fondatrice d’un nouveau régime moderne de différenciation culturelle.

BOURSES XIXe SIÈCLE

  •  Justin BEAUGRAND-FORTUNEL, De Louis XVI à Vincent Auriol. Le fonds du mobilier de campagne des souverains et chefs d’État conservé au Mobilier national.
    Thèse d’Histoire de l’Art sous la dir. du prof. Jean-François BELHOSTE (Ecole Pratique des Hautes Études).
    Le Mobilier national conserve un ensemble original de meubles ayant servi aux souverains français du dix-neuvième siècle à l’occasion de leurs campagnes militaires et de diverses fêtes et cérémonies en plein air. Ces objets conçus pour le voyage et les manipulations nombreuses sont tout à la fois robustes, légers, compactables et le plus souvent le fruit d’innovations techniques avancées. Tables, sièges, lits, tentes et luminaires constituent la majeure partie de la collection dont la période allant de 1804 à 1870 forme le centre de gravité.
    Auprès de Napoléon Ier lors de ses campagnes militaires et de ses chasses, aux côtés des princes d’Orléans pendant les différentes expéditions nord-africaines et les camps de manœuvres sous la Monarchie de Juillet, au service de Napoléon III lors de la campagne d’Italie et du camp de Châlons comme de l’Impératrice à l’occasion de villégiatures à Biarritz et ailleurs, ces objets, commandés tout au long de la période par le Garde-meuble, sont un témoignage direct des mœurs de nos souverains mais plus encore, de l’histoire politique, diplomatique, culturelle et industrielle de la France du dix-neuvième siècle, d’un empire à l’autre.
    Ces meubles portatifs ont effectivement accompagné certains des événements les plus marquants de ce siècle et permettent de les aborder d’un point de vue nouveau. Par ailleurs, ils sont le fruit du travail de dizaines d’artisans et de manufacturiers innovants et représentatifs des changements qui s’opèrent alors dans l’industrie.