Bourses d’études 2010

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER EMPIRE

  • Flavien Alexandre BERTRAN DE BALANDA : Bonald homme politique : de la métaphysique à l´action. Une étude sur l´œuvre parlementaire de Bonald et sa place dans la vie politique française de la veille de la Révolution à la Monarchie de Juillet
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon,
    Paris IV Sorbonne

    Louis de Bonald, père incontesté de la pensée contre-révolutionnaire française, a été paradoxalement peu étudié, en comparaison avec son contemporain Joseph de Maistre. De surcroît, les seuls travaux qui lui sont consacrés s´attachent soit à sa vie, soit à son œuvre philosophique. Or, Bonald fut aussi un homme politique de premier plan, notamment sous la Restauration où il fut député, pair de France, ministre et conseiller du roi, mais également sous l´Empire (conseiller de l´Université). Observer la façon dont ce penseur, considéré comme un des plus systématiques et abstraits, transpose ses théories aux assises métaphysiques au réel concret et immédiat, très peu évoqué dans ses ouvrages, ouvre des pistes nouvelles. En quoi une doctrine complexe, entre défense d´un Ancien Régime, en partie réinventé, et envolées utopiques sur fond de théologie et d´histoire des civilisations peut-elle être mise en action ? On la considère par ailleurs comme figée : quel degré d´interaction, de contamination réciproque peut-on discerner entre théorie et actualité ? Enfin, peut-on déterminer la place que prit Bonald dans la vie politique de la période postrévolutionnaire : réception de ses interventions, écrits et opinions, rôle au sein du parti ultra, audience, postérité ? La période la plus étudiée de sa vie aura par ailleurs été la Restauration ; ce travail rendra au Consulat et à l´Empire toute leur place dans la carrière du penseur.

  • Carole BLUMENFELD : Marguerite Gérard et la peinture de genre en France de la fin des années 1770 aux années 1820
    Thèse d´histoire de l´art sous la direction du professeur Patrick Michel,
    Lille III – Charles de Gaulle

    Marguerite Gérard compte parmi les peintres de genre les plus célèbres de sa génération. En effet, sa carrière se déroula de la fin des années 1770 à la fin des années 1820 et sa présence sur la scène artistique fut donc perceptible durant près d´un demi-siècle. Dans cette thèse de doctorat il s´agira de montrer comment les artistes de ce temps réinventèrent, dans les années 1780, la scène de genre tant par leurs partis pris stylistiques que par les choix des sujets qu´ils représentèrent. Ils ne connurent néanmoins leurs plus grands succès que sous l´Empire. Le Salon et le marché de l´art furent alors pour eux de formidables espaces de promotion et de diffusion de leur travail. C´est ainsi qu´en direction d´un public ciblé, Marguerite Gérard sut varier son style avec bonheur dans un contexte où les stratégies de carrière des peintres répondaient à l´engouement généralisé pour une peinture de genre savante, étroitement liée à la littérature et à l´opéra comique. L´artiste parvint alors à attirer l´attention de l´amateur le plus convoité de la capitale, le cardinal Fesch – oncle de l´Empereur – qui n´acquit pas moins d´onze de ses tableaux. En choisissant d´acheter les tableaux qu´elle présentait au Salon, ce dernier soutenait Marguerite Gérard de manière aussi active qu´ostentatoire. Cet aspect a d´ailleurs été évoqué lors de l´exposition « Le Cardinal Fesch et l´art de son temps » (Ajaccio, musée Fesch, juin-septembre 2007). Les collections vitrines du cardinal, comme celles du comte de Perrégaux, permettaient ainsi d´asseoir la réputation de Marguerite Gérard dans les lieux de la sociabilité parisienne mais aussi à l´étranger, particulièrement en Angleterre, en Hollande et en Russie où certaines de ses œuvres étaient conservées.

  • Nicoletta MARINI D’ARMENIA : La politique étrangère du Royaume de Naples dans le système impérial napoléonien. Les dernières années du Royaume (1813-1814)
    Thèse d´histoire sous la direction du professeur Luigi Mascilli Migliorini,
    Université de Naples « L´Orientale »

    Les années 1813-1814 ont été étudiées surtout dans la perspective de la biographie de Murat ou de la fin politique et militaire de l’Empire napoléonien. Ce n’est que récemment que fut envisagée d’une manière plus approfondie la nature même de l’Empire napoléonien et son projet fédératif. Et c’est dans les relations internationales que Murat forme une conception originale des relations entre les différents éléments constitutifs du système fédératif de l’Empire qui est essentiellement à l’origine de la crise définitive du 1813-1814. Sous le profil du système impérial napoléonien, si d’un côté, l’arrivée de Joachim Murat, en 1808, sur le trône de Naples confère au rôle joué par Naples dans le scénario international un plus grand dynamisme et un caractère plus « napolitain » et moins « français », d’un autre côté, il rend la relation centre-périphérie plus « chaotique ». L’histoire de l’Italie napoléonienne pose les questions les plus importantes dans la direction du système fédératif. En effet, l’Italie française se présente comme un excellent laboratoire pour étudier la nature, (c’est-à-dire, la tenue économique et politique) et les issues possibles (c’est-à-dire, les perspectives de longue durée) de cet Empire fédératif assez hésitant. Les documents du Fonds du ministère des Affaires étrangères des Archives d’État de Naples, relatif à la période de la présence française (objet de récents travaux d’inventaire) et les documents gardés dans la « Società di Storia Patria » de Naples, outre une identification détaillée des documents gardés à Paris soit dans les Archives Nationales, soit dans les Archives des Affaires étrangères, représentent les matériaux primaires pour une investigation historique qui va dans une direction tout à fait inexplorée…

  • Emmanuel PRUNAUX : Les correspondants de la Banque de France (1800-1820). Étude sur l´activité de l´institut d´émission en province et à l´étranger au début du XIXe siècle
    Thèse d´histoire sous la direction du professeur Patrice Gueniffey,
    École des hautes études en Sciences sociales

    Quelques semaines après sa création, la Banque de France nomme 150 correspondants pour réaliser ses opérations en dehors de Paris. Le réseau dispose d´au moins une implantation par département et couvre une zone délimitée par Hambourg, Londres, Cadix et Livourne. Ils sont chargés d´escompter et d´encaisser les effets de commerce pour le compte de l´institut d´émission, de rembourser les billets de banque et de représenter la Banque de France auprès des tribunaux. Ils concourent aux services que celle-ci rend à l´état en province : encaissement des obligations des receveurs généraux, paiement des rentes et des pensions, gestion de la Loterie nationale… Ils doivent également fournir des données sur la conjoncture économique et classer les principaux négociants selon leur risque de crédit. Avec des mouvements de plusieurs milliards, l´activité des correspondants constitue une source de premier ordre pour étudier les transactions financières entre Paris et la province, notamment la diffusion du billet de banque qui reste méconnue à ce jour. L´escompte commercial et les rapports de conjoncture permettent de dresser une cartographie économique de la France tout au long de la période. Ses commissions couvrant juste les coûts, le réseau des correspondants s´apparente à un « service public » de paiement destiné à faciliter les opérations de l´état et des banquiers parisiens. Les différents témoignages révèlent qu´il était perçu comme un outil permettant à la Banque de France d´asseoir son autorité monétaire sur l´ensemble du territoire. Réalisée à partir d´archives inédites de la Banque de France (documents comptables, minutes du Conseil général, correspondances…), cette recherche s´appuie aussi sur l´étude des fonds des correspondants existant en province et à l´étranger (Amsterdam, Avignon, Cadix, Hambourg, Madrid, Nantes, Reims ou Toulouse). Elle vise à éclairer certains aspects méconnus de l´histoire financière de la France, du Consulat à la Restauration.

  • Charles-Eloi VIAL : Les chasses des souverains en France 1804-1830
    Thèse d´histoire sous la direction professeur du Jacques-Olivier Boudon,
    Paris IV Sorbonne

    Activité prisée des rois de France depuis l’époque médiévale, la chasse était devenue pour les derniers Bourbons plus une passion dévorante qu’une simple distraction. Louis XV et Louis XVI furent critiqués par l’opinion publique naissante, qui considérait que leurs chasses onéreuses les éloignaient de leur travail de gouvernement. Avec la chute de la monarchie, les chasses royales disparurent. Elles furent pourtant remises au goût du jour par Napoléon Ier, soucieux de s’approprier les apparences de la légitimité monarchique. Au cours de son règne, il fit en effet de la chasse un instrument de pouvoir, servant à réguler la vie de Cour, à impressionner les diplomates et souverains étrangers. Il s’agissait aussi pour l’Empereur de s’agréger à la société des rois et des princes en pratiquant cette activité perçue comme typiquement aristocratique, tout en renouant avec les apparences de la monarchie, facteur de légitimation aux yeux de ses sujets. Le maréchal Berthier, nommé Grand veneur, fut ainsi chargé d’organiser les chasses impériales dans la lignée de celles de Louis XVI. Napoléon fit de ses chasses un instrument politique puissant, une distraction de Cour prisée, le tout avec une économie substantielle de moyens. La Restauration, au lieu de revenir à l’organisation d’Ancien Régime, choisit ainsi de conserver l’équipage de chasse et l’administration de Napoléon, et les chasses fonctionnèrent selon les mêmes principes jusqu’en 1830. Naquit ainsi le paradoxe d’une Restauration affichant, à la suite de l’Empire, la volonté de renouer avec les usages et la tradition monarchique, mais cela grâce à un équipage formé pour Napoléon. C’est cette forte continuité, humaine, budgétaire, mais aussi politique qu’il convient d’étudier au travers des éléments constitutifs des chasses, mis en place en 1804 : une implantation géographique autour de Paris permettant une circulation de la Cour autour de différentes résidences de chasse, une pratique régulière destinée à la distraction du souverain et de ses proches, des invitations de personnages politiquement importants, qui donnent à certains jours de chasse bien précis une résonance particulière, autant d’éléments qui se retrouvent dans les sources : archives, journaux, mémoires, œuvres d’art.

BOURSES D’ÉTUDES SECOND EMPIRE

  • Viviane DELPECH : Le métissage architectural et ornemental du château d´Abbadia à Hendaye
    Thèse d´histoire de l´art sous la direction du professeur Dominique Dussol,
    Université de Pau et des pays de l´Adour

    Situé sur un promontoire sauvage de la corniche basque, le château d´Abbadia fut édifié près d´Hendaye de 1864 à 1879 par Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc et son collaborateur Edmond Duthoit pour l´explorateur scientifique Antoine d´Abbadie. Silhouette médiévale, parc paysager à l´anglaise et essences exotiques, décors et mobiliers néogothiques, orientaux et éthiopiens, cette demeure rassemble, au demeurant, les principes de l´architecture rationaliste et témoigne de la vie atypique de son commanditaire. Propriétaire terrien, d´Abbadie finança cette construction fastueuse grâce au bénéfice de ses innombrables placements. Son aisance économique lui permit de réaliser au mieux ses désirs d´esthète si bien que, grâce au talent de ses maîtres d´œuvre, l´édifice se caractérise avant tout par son métissage, tant du point de vue de l´architecture, de la décoration et du mobilier que de celui de ses usages voués à l´étude, la dévotion ou aux mondanités. Abbadia illustre également par bien des aspects les modes de vie d´une certaine élite sociale du Second Empire régie par le goût et l´érudition. élu correspondant de l´Académie des Sciences en 1852 et membre de cette illustre institution en 1867, d´Abbadie comptait dans ses cercles de connaissances le prince Louis-Lucien Bonaparte, avec lequel il collabora et partagea la passion de la linguistique basque, et l´empereur Napoléon III, qui lui avait promis d´inaugurer son château en y déposant symboliquement la dernière pierre. C´est pourquoi il destina pour ce dernier une suite impériale au décor et au mobilier extrêmement ouvragés dans sa prestigieuse demeure. Cette recherche se propose de faire connaître une œuvre presque inexplorée de l´architecture civile de Viollet-le-Duc, l´une de ses rares créations complètes, et surtout l´un des rares ensembles cohérents du Second Empire. C´est en fait toute une partie de l´histoire du goût de la haute société sous le Second Empire que l´exemple d´Abbadia permet de retracer.

  • Nizza SANTIAGO : Le patrimoine architectural et urbanistique du Mexique sous le Second Empire. 1864-1867 : les projets d´un empereur
    Thèse d´histoire de l´art sous la direction du professeur Barthélémy Jobert,
    Paris IV Sorbonne

    L´activité architecturale du Second Empire mexicain est un domaine encore largement ignoré par l´histoire de l´art contemporaine. L´historiographie dévoile au contraire, un fort intérêt pour l´élan bâtisseur de la période porfirienne (1876-1910), moment où tout le monde s´accorde à voir l´entrée du développement et du progrès au Mexique. Certes, les révoltes, les gouvernements éphémères et les luttes idéologiques qui se succèdent entre 1810 et 1864, ne favorisent pas l´émergence de projets architecturaux d´envergure. Or, sous la deuxième intervention française et tout particulièrement au cours de l´empire de Maximilien Ier (1864-1867), la capitale mexicaine parvient néanmoins à initier une mutation topographique. Cette thèse propose d´illustrer l´ampleur de l´entreprise impériale au Mexique et pour la première fois, de lever le voile sur le corpus d´ingénieurs, architectes et jardiniers qui y ont participé. L´analyse du rôle de personnages tels que Ramon Rodriguez Arrangoiti, Karl Gangolf Kayser et Julius Hofmann, ou encore d´Alois Bolland, Eleuterio Méndez et Wilhelm Knechtel, fait ici l´objet d´une étude collective qui permettra d´apprécier avec justesse, une initiative ambitieuse et éminemment moderne. Associé à une nouvelle génération d´architectes, le programme d´améliorations matérielles du Second Empire mexicain sera étudié à partir de nombreuses sources graphiques et historiques, rassemblées dans les archives de Vienne, Bruxelles, Trieste, Paris et Mexico. L´objectif principal est d´ouvrir de nouvelles perspectives pour la connaissance de l´architecture latino-américaine du XIXe siècle et ainsi, de mesurer l´impact d´un projet aspirant à faire entrer la capitale mexicaine dans la cour des grandes villes du monde.