Bourses d’études 2005

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER EMPIRE

  • Christina EGLI : Jean-Antoine Laurent (1763-1832), peintre (troubadour) (Premier Empire)
    Thèse d’histoire de l’art sous la direction du professeur Pascal Griener, Université de Neufchâtel

    Artiste très peu étudié, Jean-Antoine Laurent est un peintre à cheval sur deux siècles, sur deux époques, l’Ancien Régime et la Restauration. Ses ouvres, aujourd’hui réparties dans les musées (le Musée Napoléon d’Arenenberg en conserve trois) et collections particulières du monde entier, prouvent son habilité, son doigté, sa sensibilité. Originaires des Vosges, de Baccarat plus exactement, il eut pour confrères à Paris Isabey ou encore Fleury Richard, Révoil et Vermay. Il fut décoré en 1832 de la Légion d’honneur, après une carrière difficile face à la concurrence mais exemplaire par la qualité de ses ouvres, ayant eu pour commanditaires ou acheteurs l’impératrice Joséphine, Napoléon Ier, le duc et la duchesse de Berry, Louis XVIII, Louis-Philippe.

  • Irène PERRET : La critique d’Art sous le Consulat et le Premier Empire (Premier Empire)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Bruno Foucart, Université de Paris-Sorbonne

    Après un DEA sur La critique artistique sous le Consulat et l’Empire, Irène Perret a décidé de poursuivre ses recherches, frappée par le fait que la plupart des articles de dictionnaires sur la critique d’art laissent un « blanc » de quarante-trois ans de 1781 à 1823, entre Denis Diderot et Delécluze ou encore Stendhal et que seuls certains ouvrages spécialisés accordent à la critique de cette période une place conséquente. Il s’agira donc dans cette thèse de réhabiliter le critique d’art des années consulaires et impériales, de 1799 à 1815, de revaloriser la critique d’art qui offre des aspects importants à mettre en lumière pour comprendre l’art de cette époque et son accueil général. A travers la réception d’oeuvres, l’avis donné sur les manifestations artistiques, on s’interrogera sur la critique d’art de l’époque ; un fort intérêt sera porté aux critiques d’art en tant que personnes : qui sont-ils, quelle formation ont-ils ? On verra aussi que la critique artistique peut montrer différentes facettes de la société entre ces années de l’extrême fin du XVIIIème et le début du XIXème siècles comme les questions de la censure de la presse, le lien étroit entre l’art et la politique et l’influence de la propagande. Le reflet de la société à travers ces comptes rendus, le goût artistique de cette époque seront autant de points à creuser car ils sont représentatifs de ces années consulaires et impériales.

  • David ROUANET : Les prisonniers de guerre étrangers dans le Nord-Est de la France (1803-1815) (Premier Empire)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon, Université de Paris IV

    Les prisonniers de guerre restent l’un des parents pauvres de l’histoire napoléonienne, ils n’ont que trop peu retenu l’attention. La manière de traiter les vaincus est pourtant un révélateur des mentalités, individuelles et collectives, d’une époque. S’interroger sur le traitement des prisonniers de guerre permet de toucher la face noire de l’Épopée napoléonienne et de saisir le quotidien de milliers de ces acteurs malheureux. Les limites chronologiques de cette étude ont été aisées à définir : de la rupture de la Paix d’Amiens au second Traité de Paris qui suit Waterloo. Entre ces deux dates, le nombre des prisonniers de guerre ne cesse d’augmenter. Douze années de conflit, mettant aux prises la France et les Coalitions dirigées par le Royaume-Uni, amènent à réfléchir sur les différences de traitement décelées au cours des lectures préliminaires. D’ores et déjà, de nombreuses interrogations sont suscitées par la présence de ces centaines de milliers d’individus dans la France impériale : quel était le sort réservé à ces acteurs malheureux de la guerre ? Qui gérait administrativement les prisonniers ? Les lieux de capture étant parfois très éloignés des lieux de détention, comment les captifs s’y rendaient-ils ? Qui était chargé de leur escorte ? Combien de temps leur transfert durait-il ? Une fois parvenus à destination, quelles étaient leurs relations avec les autorités militaires et civiles ? Quelles formes prenait leur cohabitation avec les populations des villes et villages où ils étaient internés ? De quoi vivaient les prisonniers et comment ? Après la retraite des armées françaises d’Europe et l’invasion du territoire, quel fut leur sort ? La paix mit-elle fin à leurs souffrances ? Enfin, peut-on dresser un bilan de cette captivité en ce qui concerne l’impact sur la société de l’époque ? Resta-t-il en France des ex-prisonniers ? Firent-ils souche ? Ces quelques questions sont au cour de cette vaste recherche sur les prisonniers de guerre étrangers à l’époque de Napoléon.

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER-SECOND EMPIRE

  • Matthieu BREJON DE LAVERGNÉE : La société de Saint-Vincent-de-Paul à Paris au XIXe s. : prosopographie d’une élite catholique fervente (Second Empire)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon, Université de Paris IV

    La Société de Saint-Vincent-de-Paul est fondée à Paris en 1833 par un groupe d’étudiants catholiques, parmi lesquels Frédéric Ozanam, désireux de se soutenir dans leur foi et de venir en aide aux pauvres. En 1861, la modeste « conférence » du Quartier latin était devenue suffisamment importante pour que le gouvernement s’inquiète de son essor. Lui supposant cent mille membres en France, le ministre de l’Intérieur Persigny cherche alors, dans le contexte difficile suscité par la question romaine, à la démanteler. C’est à l’histoire de cette Société sous le Second Empire, aux raisons de sa croissance et aux motifs de son succès, que cette thèse est pour une large part consacrée, d’autant qu’aucun travail d’ensemble récent ne s’y attache. Le vide historiographique dont souffre la plus importante des associations catholiques du XIXe s. ressort aussi de la lecture partiale léguée par Jean-Baptiste Duroselle [Les débuts du catholicisme social en France 1822-1870, Paris, PUF, 1951]. Dans son important ouvrage, l’historien accrédite l’idée selon laquelle le catholicisme social, après ses heures fastes sous la Deuxième République, aurait connu un déclin sous le Second Empire, enrayé à partir des années 1870 seulement par la naissance de l’ouvre des Cercles catholiques d’ouvriers. La recherche historique a ainsi négligé un moment clef de l’histoire des ouvres, préférant concentrer son attention sur un avant – la reconstruction de l’Église par ses ouvres sous l’Empire et la Restauration – et surtout un après, celui des Cercles et bientôt de l’A.C.J.F. et du Sillon. Cette lecture mérite assurément d’être nuancée dans le sillage des travaux de Jacques-Olivier Boudon. L’auteur montre que les années 1850-1860 sont au contraire une des pages les plus florissantes de l’histoire des ouvres sociales, en particulier à Paris qui s’impose comme « une plaque tournante des initiatives » et le « lieu d’élaboration d’une pensée renouvelée ». Ouvre urbaine et largement parisienne sous le Second Empire, cette thèse devrait contribuer au renouvellement de l’histoire religieuse des villes, largement en friche dans le champ français. Mais les interrogations développées dans ce travail et les méthodes d’investigation utilisées relèvent aussi de l’histoire sociale et de l’histoire politique.

  • Ahmed BOUERDENE : L’Émir Abd el-Kader, l’Islam et la France (Premier-Second Empire)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Christian Sorrel, Université de Savoie

    Le destin de l’émir Abd el-Kader, né en 1808 et mort en 1883, se confond totalement avec son époque dont il est un témoin privilégié. Contemporain des révolutions politiques, industrielles et idéologiques du XIXe s., l’émir suit avec un regard clairvoyant les bouleversements de son siècle. Issu d’un milieu traditionnel de l’ouest de l’Algérie, il va, par un destin exceptionnel, entrer en contact avec les principaux acteurs de son époque. C’est paradoxalement la conquête française de la régence d’Alger qui va révéler ce fils de Zaouïa. Élu à la tête des tribus de l’ouest pour lutter contre l’Armée d’Afrique, l’émir s’impose rapidement comme un stratège et un diplomate d’exception. Respecté par les siens pour son charisme et par ses adversaires pour sa magnanimité, il devient par ses actions et ses écrits un humaniste résolu. Bien qu’il soit convaincu du droit légitime des musulmans à mener le Jihad contre les conquérants « chrétiens », l’émir n’a pas une vision manichéenne de la conquête. Son regard sur les événements et sur ses adversaires évolue et s’affine avec le temps. À la face obscure de cette conquête, source de discordes et de souffrances, il entrevoit une face lumineuse : celle de la rencontre entre le Maghreb et la France, l’Islam et le Christianisme, l’Orient et l’Occident. La pensée de l’émir est à la fois simple dans sa symbolique, et ambitieuse dans ses objectifs : l’Orient et l’Occident sont les deux faces d’une même réalité et, en cela, ils sont complémentaires. La fécondation de l’un par l’autre ne peut s’accomplir que par la rencontre. Le dialogue devient donc un moyen privilégié pour atteindre le but qui n’est pas moins que l’union de l’Orient et de l’Occident. Parce que l’émir Abd el-Kader était à la fois un homme d’action et un mystique, il est nécessaire d’établir des relations entre ses choix extérieurs et sa vie intérieure. Pour l’émir, les événements ne sont pas le fruit du hasard ou une conséquence de la pensée des hommes. Ils sont la manifestation de la Volonté divine. Lorsqu’il prend les armes pour le Jihad c’est au nom de Dieu et lorsqu’il rend ses mêmes armes, c’est encore en Son nom. Toutes ses actions et tous ses écrits sont inspirés par le Coran. Ce constat amène également à avoir une lecture spirituelle de sa vie. La période de la captivité est à ce point de vue riche d’enseignement. Vécue comme une retraite spirituelle, cette réclusion douloureuse donne naissance à un dialogue intérieur profond qui nourrit sa pensée et ses choix. Sa vision du dialogue et sa finalité trouvent ainsi leur origine dans sa propre démarche spirituelle.

  • Sylvain CORDIER : La famille Bellangé, menuisiers ébénistes (Premier-Second Empire)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Bruno Foucart, Université de Paris IV

    Le présent sujet de thèse de doctorat sur la famille Bellangé se propose d’apporter une meilleure connaissance de l’histoire du goût en matière d’art décoratif à travers l’étude de deux générations d’une même dynastie d’artisans et de ses alliés. La démarche adoptée pour ce faire consiste à reconstituer les histoires personnelle, sociale et professionnelle de la famille, grâce à une importante recherche documentaire. Celle-ci se fonde essentiellement sur le dépouillement d’archives (minutier central des notaires parisiens, archives de l’État civil reconstitué du département de la Seine, archives de la Maison de l’Empereur et de la Maison du Roi, archives départementales, archives de la Légion d’honneur), le récolement et l’inventaire des ouvres encore conservées de nos jours dans les collections publiques et privées ainsi que leur historique (dépouillement des inventaires de collections, du fond des archives privées aux Archives nationales, et de catalogues de vente). Il en résultera la rédaction d’une thèse présentant les biographies de Pierre-Antoine (1757-1827), Louis-François (1759-1827), Louis-Alexandre (1799- ?) et Alexandre-Louis (1798-1863) Bellangé, les analyses stylistiques et les résultats de réflexion sur l’importance artistique et historique de leurs productions respectives, ainsi que la constitution de leurs catalogues raisonnés.