Bourses d’études 2002

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER EMPIRE

  • Stéphane DESROUSSEAUX : La monnaie en circulation à l’époque napoléonienne (Premier Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur Jean Tulard,
    École Pratique des Hautes Études
    Université de Rouen
    L’intérêt de ce travail repose sur l’alliance de l’histoire et de la numismatique, puisque la recherche sera essentiellement axée sur la numismatique de la période impériale tout en y mêlant des propos historiques. En effet la thèse s’efforcera d’étudier, en toile de fond, la politique monétaire de Napoléon et non sa politique financière ou économique (création de la Banque de France, actions, rentes, éléments macro-économiques.). Une première partie étudiera l’application de la loi de Germinal an XI, qui se traduit par la mise en circulation de nouvelles monnaies à l’effigie de Bonaparte puis, à partir de l’an XII, à celle de Napoléon. Elle a pour objectif de montrer comment les monnaies sont utilisées par Napoléon comme des instruments de propagande et de conditionnement des esprits.

    La seconde partie traitera du désir de Napoléon d’uniformiser la monnaie en France. Plusieurs décrets visent à retirer progressivement de la circulation les monnaies de l’Ancien Régime et de la Révolution frappées selon le système duodécimal (les plus importants sont ceux du 18 août et du 12 septembre 1810 qui les tarifient en francs). Une attention particulière et indispensable sera portée à l’accueil réservé aux nouvelles monnaies pour tenter de dégager les régions qui leur sont favorables et celle qui restent fidèles à la livre tournois et où le franc est encore peu utilisé.

    La dernière partie sera exclusivement axée sur la volonté de Napoléon de généraliser, dans les pays européens gouvernés par ses frères et sœurs, le système monétaire français et d’y mettre en circulation des monnaies imitant le franc et frappées selon le système décimal. Ceci soulève la question du désir ou non de Napoléon de créer, bien avant l’Union Latine et l’Euro, une sorte de « monnaie unique » en Europe (le franc) et le problème de l’acceptation des peuples européens de la monnaie comme gage de la domination française.

    (St.R.)

  • Sylvain SICK : Les conscrits du Léman et du Mont-Blanc et la Grande Armée (1805-1814) (Premier Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur Philippe Boutry,
    Université de Paris XII
    Si la période du Premier Empire délimite le cadre chronologique de la thèse, la Grande Armée et la conscription constituent les milieux dans lesquels sont étudiées des populations d’origine étrangère récemment rattachées à la France : les Genevois et les Savoyards. Un des intérêts notamment de l’étude des habitants de l’ancien Duché, scindé en deux départements (1792 : Mont-Blanc ; 1798 : Léman) est la brièveté de l’existence et de la réunion de ces entités à la France révolutionnaire puis impériale.Le projet de plan s’articule autour de deux grands axes :

    – Société et conscription dans le Léman et le Mont-Blanc, présente les populations concernées par la conscription, le phénomène du remplacement et des affectations particulières, puis les différentes formes d’insoumission et enfin les moyens de répression et leurs limites.

    – Les « grognards » du Léman et du Mont-Blanc dans la Grande Armée, aborde la répartition des conscrits sous les Aigles impériales, puis analyse leur nombre et leurs comportements lors des différentes campagnes et enfin étudie le devenir des soldats de l’Empereur à la suite des deux abdications.

    Notons qu’au sein de chacun de ces axes, la perspective comparative entre les deux départements du Léman et du Mont-Blanc demeure omniprésente.

    (S.S.)

  • Johan Ranger : Louis Madelin (1871-1956) : une alternative académique de l’Histoire (Premier Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon,
    Université de Rouen
    Louis Madelin, historien français du Consulat et de l’Empire, est né en 1871 dans une petite ville de Lorraine. Il fit des études secondaires à l’école des Maristes de Bar-le-Duc puis entreprit ses études supérieures à la faculté des lettres de Nancy. Agrégé à l’âge de vingt ans, il se dirigea vers Paris et s’inscrivit à l’École des Chartes et à l’École pratiques des Hautes Études qui le mena deux ans à Rome. Sous la direction d’Alphonse Aulard, il prépara une thèse sur Fouché, ministre de la Police sous l’Empire, qu’il soutint en 1901. Sa thèse eut pour conséquence de parquer la rupture entre Louis Madelin et l’Université. Cette dernière, derrière Ernest Lavisse, l’accusait de réhabiliter la figure ombrageuse de Fouché. Louis Madelin allait désormais incarner l’histoire extra-universitaire ou peut-être plus justement, l’alternative académique de l’Histoire opposée à l’Histoire universitaire. Louis Madelin fut élu à l’Académie française en 1927 au fauteuil de Robert de Flers.Parallèlement à son activité d’historien, Louis Madelin se consacra à la politique. Il se présenta pour la première fois aux élections législatives de 1902, comme candidat des républicains progressistes, dans la circonscription de Bar-le-Duc. Après plusieurs tentatives, il réussit à entrer au Palais Bourbon en 1924 sous l’étiquette des Républicains modérés. En 1928, il échoua à sa réélection puis se consacra pleinement à l’écriture de l’Histoire. À partir de 1936, il commença ce qui devait devenir sa grande ouvre, l’Histoire du Consulat et de l’Empire (16 volumes de 1936 à 1956). Il mourut en 1956 à l’âge de 85 ans.

    À partir de l’étude d’une bibliographie rare (100 volumes), mais aussi de sources manuscrites (Journal personnel de Louis Madelin) et imprimées, des propres manuscrits et des collections de l’historien lui-même, il s’agira de saisir les caractères généraux de l’alternative académique de l’Histoire, d’une historiographie non-universitaire assez peu étudiée. Il s’agira également d’étudier l’apport de Louis Madelin à l’étude du Consulat et de l’Empire. L’aspect politique de l’historien fera également l’objet d’une recherche approfondie qui permettra d’apporter une modeste pierre à l’étude des droites et plus particulièrement de la droite modérée, à travers les liens qui unissent la République française, le Mouvement Quatrième république et la Fédération républicaine.

    (J.R.)

  • Medhi KORCHANE : Histoire de l’art français du Directoire à la Restauration. Le rôle de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833) (Premier Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur Philippe Bordes,
    Université Lumière-Lyon II
    L’objectif de cette thèse est de contribuer à la connaissance de l’art français du Directoire à la Restauration à travers l’étude de la carrière et de l’ouvre du peintre Pierre-Narcisse Guérin.Guérin s’impose d’abord sur la scène artistique française du Consulat comme un modèle de peintre libéral et apparaît sous l’Empire, comme l’une des gloires de l’école française aux côtés de David, Gros, Gérard et Girodet. Il est sollicité par Denon pour les grandes commandes impériales (Napoléon pardonnant aux révoltés du Caire, La mort du maréchal Lannes, etc.), mais également par des personnages influents de l’Empire qui souhaitent enrichir leur galerie privée de ses ouvres (Lucien et Louis Bonaparte, Joséphine, Sommariva). Il est également l’un des acteurs principaux des recherches esthétiques des années 1800-1820, par sa propre production et par son rôle de maître des jeunes talents romantiques (Géricault, Delacroix, Scheffer, etc.). Éclipsé par la renommée de ses élèves, son ouvre n’a jusqu’à présent bénéficié d’aucune étude d’ensemble et n’est encore pas évaluée à sa juste mesure.

    Le projet de thèse vise à situer la place de l’homme et de l’artiste dans le panorama de la peinture française du début du XIXe siècle à la lumière de sources inédites (archives, correspondances) et d’une documentation qu’il faut redécouvrir (journaux, mémoires contemporains, etc.). Ces recherches englobent des problématiques telles que le statut social de l’artiste, les rapports entre l’art et le politique, la pédagogie artistique, et présentent par conséquent des enjeux historiques et théoriques. Cette thèse proposera par ailleurs une analyse des tableaux de l’artiste avec leur réception publique et critique ; elle s’accompagnera d’un catalogue raisonné, appareil scientifique indispensable pour une connaissance exacte de son ouvre.

    (M.K.)

  • Anne-Sandrine DE LUCA : La noblesse du Ier Empire. L’identité nobiliaire réinventée (Premier Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur François-Paul Blanc,
    Université de Perpignan
    => thèse en ligne dans notre bibliothèque numérique
    Alors que l’on pensait la noblesse à jamais bannie de nos institutions au lendemain de la Révolution, Napoléon crée en 1808 une nouvelle aristocratie. La démarche est audacieuse car les esprits révolutionnaires sont encore bien vivaces et la noblesse demeure le principal symbole des temps féodaux.De nombreuses études ont été consacrées à l’aristocratie napoléonienne, mais aucune n’aborde cette institution sur le plan purement juridique. C’est cette approche qui sera suivie dans ce travail de thèse. [.]

    Il suivra un développement en deux temps, selon le raisonnement juridique : l’élaboration de la noblesse d’Empire et la consolidation de cette nouvelle aristocratie.

    L’élaboration de la noblesse ne peut se comprendre que replacée dans le cadre de la construction du pouvoir napoléonien : elle contribue à assurer la légitimité et l’exercice effectif de l’autorité de l’Empereur ; en ce sens, cette noblesse est politique. Mais elle s’inscrit également dans une démarche de propagande, en tant que noblesse d’apparat et participe ainsi qu prestige de Napoléon. Il s’agit donc d’un véritable accessoire du pouvoir et l’Empereur entend à ce titre distinguer ses membres du reste des citoyens : sans parler de privilèges, les titrés bénéficiaient néanmoins de certaines attentions telles l’octroi d’armoiries, l’accès à la cour, la création d’une juridiction propre à cette institution (le Conseil du Sceau des Titres). Si on ne peut juridiquement la qualifier d’ordre, la noblesse d’Empire n’en demeure pas moins un corps particulier au sein des citoyens.

    Cette aristocratie établie, le monarque doit se préoccuper de la consolider afin qu’elle traverse les générations comme la vieille noblesse. Cette étude tentera de dégager les procédés utilisés par Napoléon pour pérenniser sa création. C’est ici que se situe le point de rupture avec les valeurs révolutionnaires dans la mesure où l’argent devient le socle de ce système nobiliaire : la stabilité de la noblesse d’Empire réside dans la consolidation du patrimoine de ses représentants [majorat, droit d’aînesse, droit de primogéniture]. A la noblesse de sang, Napoléon fait succéder une noblesse de l’argent et contribue ainsi à l’émergence d’une ploutocratie. [.]

    Ainsi, la noblesse d’Empire est à l’image de son créateur : porteuse de l’idéal révolutionnaire par la consécration du mérite personnel, elle est aussi l’instrument d’une monarchie et à ce titre, son fonctionnement ne peut être purement républicain.

    (A.-S. de L.)

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER-SECOND EMPIRE

  • Michaël DECROSSAS : Le château de Saint-Cloud : architecture, décor et ameublement (1658-1870) (Premier – Second Empire)
    Thèse placée sous la direction du professeur Guy-Michel Leproux,
    Ecole Pratique des Hautes Etudes
    Le château de Saint-Cloud n’a jamais fait l’objet d’une étude globale. Beaucoup d’incertitudes demeurent quant à la chronologie des travaux, tant intérieurs qu’extérieurs, à la distribution des appartements et à leur décor. Les deux Empires ont cependant marqué l’histoire du château de leur empreinte tant du point de vue des événements qui s’y produisirent, que de celui de l’histoire de l’art.L’objet de cette étude est de mettre en évidence les travaux menés sous le Consulat et de connaître la distribution intérieure du château pendant les premières années d’occupation de celui-ci par le Premier consul et sa famille.

    Puis l’étude s’attachera ensuite à voir les aménagements successifs du château sous l’Empire, avec la mise en ouvre d’aménagements importants liés au programme élaboré à partir de 1804 par la maison de l’Empereur, l’Intendance générale de la Maison de l’Empereur et les architectes, notamment Percier et Fontaine. Au moins trois grands chantiers sont lancés à Saint-Cloud : le salon de Mars dont les décors remontaient à l’époque de Monsieur sous le règne de Louis XIV, la création du Salon de Famille, et enfin la création d’une salle du trône. Cette dernière soulève de nombreuses questions, tant iconographiques, symboliques que matérielles, puisqu’il s’agit à l’époque d’un programme neuf, étant donné que ce type de pièces n’existait pas en tant que tel sous l’Ancien Régime.

    Sera abordée ensuite, rapidement, la période des derniers Bourbon et des Orléans qui s’intéressèrent peu à cette résidence.

    La dernière partie de l’étude sera consacrée aux travaux réalisés sous le Second Empire, connus par les aquarelles de Fortuné de Fournier ainsi que par des photographies de Schneider et celles de Chapon-Masson.

    (M. D.)