Bourses d’études 1997
BOURSE D’ÉTUDES PREMIER EMPIRE
- François-Joël BALLAND : Ramel, ministre des Finances (Premier Empire)
Thèse de doctorat d’histoire moderne et contemporaine
Directeur de recherches : Monsieur Jean Tulard
Université Paris IV-SorbonneDominique-Vincent Ramel, originaire de Montolieu près de Carcassonne, fut député du tiers-état aux États généraux puis à la Constituante ; il fut élu à la Convention. Dans ces deux assemblées, il se spécialisa progressivement dans les questions administratives et financières. Ce fut là une de principales raisons qui lui valut d’être nommé par le Directoire ministre des Finances le 14 février 1796 ; il assuma cette charge pendant trois années et quatre mois jusqu’au 23 juillet 1799, ce qui fait de Ramel un des plus importants ministres des Finances de l’histoire de France.Il est déjà à noter que Gaudin avait été nommé à ce poste ministériel le 3 novembre 1795, venant de la Trésorerie nationale, mais il n’occupa cette charge que cinq jours car il était non acceptant.Si l’on veut bien mettre entre parenthèse le bref intermède de juillet à novembre 1799, pendant lequel le ministère des Finances fut confié à Robert-Lindet, Ramel apparaît bien comme le véritable prédécesseur de Gaudin, qui fut ministre des Finances de Napoléon Bonaparte pendant toute la période consulaire et impériale (y compris les Cent jours), de novembre 1799 à juin 1815. Cependant Ramel n’est pas seulement le prédécesseur de Gaudin, mais aussi son précurseur.On doit principalement à Ramel :
la préparation du franc germinal par la suppression de la mauvaise monnaie (assignats et mandats territoriaux) et la stabilisation du cours de la monnaie par la banqueroute des deux tiers qui apurait les dettes de l’État. Il faut noter aussi que c’est Ramel qui fixa l’appellation de la monnaie de France au terme de « franc » ;l’institution (en 1797) de la comptabilité analytique en partie double et les travaux pour l’institution du cadastre, qui permirent sous le ministère Gaudin les débuts de l’activité des recensements et de la comptabilité nationale ;
la mise en branle des réformes fiscales poursuivies par Gaudin, avec les travaux pour la réhabilitation des impôts indirects, et l’institution de l’impôt sur les portes et les fenêtres.
C’est autour de ces trois points que s’articule ce travail de recherche.François-Joël Balland, est titulaire d’une licence d’histoire (Paris IV-Sorbonne, 1988), d’une maîtrise d’histoire (mention Très bien, 1989), d’un DEA d’histoire contemporaine (sous la direction du professeur Jean Tulard, 1996).
Il collabore au service culturel du musée de l’Armée.
BOURSE D’ÉTUDES SECOND EMPIRE
- Florence PUECH : Chislehurst : la famille impériale en exil (fin septembre 1870 à 1881) (Second Empire)
DEA d’histoire contemporaine
Directeur de recherche : Monsieur Philippe Levillain
Université Nanterre-Paris X
L’Impératrice Eugénie et la famille impériale ont passé onze années d’exil dans la propriété de Camden Place, non loin de Londres. C’est dans ce petit village du Kent que l’Impératrice et le jeune Prince impérial Louis ont trouvé refuge, au lendemain de la capitulation de l’armée française à Sedan (2 septembre 1870) et de la proclamation de la République par l’Assemblée (4 septembre). L’Empereur prisonnier à Wilhelmshohe, ne les y rejoint que le 19 mars 1871. C’est donc de Chislehurst que sont menées toutes les transactions visant à tenter un retour magistral à Paris, comme l’avait fait Napoléon Ier en 1815, après les Cent jours. En vain.Dès lors, des dispositions sont prises pour un séjour plus long en Angleterre. Chislehurst devient le lieu d’une nouvelle vie, à l’anglaise, toute tournée vers l’éducation du jeune Prince impérial, dans le cadre d’une cour renaissante, fidèle à la tradition des Tuileries. Même si le faste n’est plus le même, des visiteurs affluent de toute l’Europe pour honorer les souverains déchus. En réalité, c’est une véritable colonie française qui s’installe à Londres. Ces années sont marquées par l’espoir et la sérénité, mais aussi par l’ennui et par la mort. En effet la petite église de Chislehurst ne tarde pas à abriter le tombeau de Napoléon III en 1873, avant de recevoir aussi celui de son fils, le Prince impérial, tué par les Zoulous en 1879. Ces années d’un bonheur fragile, entièrement centrées sur la personne du jeune Prince, sont aussi pour Eugénie celles d’une grande transition qui va la mener au second versant de sa vie, très longue (Eugénie vit presque cinquante années après la mort de son mari), et solitaire.Cette recherche se concentrera donc sur la résidence même de Camden Place, qui est le théâtre d’une histoire restée en marge de l’histoire de France – toute entière consacrée aux premiers battements de cþur de la République naissante – mais qui en est pourtant digne. S’intéresser à cette « décennie anglaise », en effet, c’est s’intéresser à la disparition physique et définitive, des derniers représentants de la dynastie Bonaparte porteuse du mythe napoléonien. Le Second Empire est venu mourir en Angleterre, dans l’anonymat, fuyant la mauvaise presse dont il faisait l’objet, et dont il n’a quasiment jamais cessé de faire l’objet depuis. Les conséquences d’un tel événement sont faibles sur le plan politique, mais les personnages qu’il met en jeu, en raison de ce qu’ils représentent pour l’Histoire ou de ce que l’Histoire aurait pu faire d’eux s’ils avaient vécu, suffit à en justifier l’intérêt.Ce travail de recherche s’articule autour de sept grands points :
– l’instauration d’une vie de cour à Chislehurst ;
– la résidence de Camden Place ;
– la question du financement ;
– les projets de débarquement en France ;
– un nouvel éclairage sur la personnalité de l’Empereur ;
– la perception des exilés par les Anglais ;
– quel sens donner à ces « années Chislehurst ».Florence Puech est titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine (mémoire : La politique de conservation des églises parisiennes 1970-1997, mention Très bien).