Prix 2023

Grand Prix de la Fondation Napoléon 2023

Jean-François BRUN, La Grande Armée. Analyse d’une machine de guerre, Éditions Pierre de Taillac

Fruit de vingt années de travail, cet ouvrage analyse de façon systémique la Grande Armée : la première partie décrit de façon détaillée l’outil militaire organisé pour mettre en œuvre les principes d’action retenus par lʼEmpereur aux niveaux opératif et tactique. L’étude va des structures de commandement aux unités élémentaires, en passant par les pions de manœuvre (corps d’armée et divisions) et les éléments spécialisés (réserve de cavalerie, grand parc). La seconde partie est composée de fiches thématiques (effets du feu, organisation des différentes armes, logistique, organigrammes…) mêlant paragraphes de synthèse et données chiffrées détaillées. Un effort particulier de présentation des logiques d’interdépendance et de cohérence entre les diverses entités composant la Grande Armée permet d’offrir une sorte de manuel des forces napoléoniennes. Volontairement accessible aux profanes de la chose militaire, La Grande Armée. Analyse d’une machine de guerre vise à combler un vide des études historiques en ce domaine.

Agrégé et docteur en histoire, Jean-François Brun est enseignant-chercheur à l’université de Saint-Étienne où il a notamment exercé les fonctions de directeur du département d’histoire, de directeur d’un laboratoire de recherche lié au CNRS puis de doyen de la faculté des Sciences Humaines et Sociales. Colonel de réserve, auditeur de lʼIHEDN, il a participé à plusieurs OPEX dans les Balkans. Spécialiste d’histoire militaire, ses travaux portent plus spécialement sur l’organisation des armées en tant que système et sur l’évolution des armements. Ils ont fait l’objet de publications sous forme de livres, de chapitres dans des ouvrages collectifs ou d’articles dans des revues spécialisées.

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Prix du Jury de la Fondation Napoléon 2023

Michel BERNARD, Hiver 1812. Retraite de Russie, Éditions Perrin

Le 15 septembre 1812, Napoléon entre dans Moscou. Dans la nuit, la ville s’embrase dans un océan de flammes. Après avoir longtemps espéré l’ouverture de négociations avec le tsar, la Grande Armée quitte la capitale ruinée le 19 octobre ; l’Empereur veut écraser l’armée russe et s’installer à Smolensk avant l’arrivée de l’hiver. Mais le froid et la neige sont en avance sur le calendrier. L’hiver russe surprend des troupes épuisées, sous-équipées, mal ravitaillées, embarrassées par leur butin, leurs blessés et leurs malades. La tragique retraite de Russie commence.
Michel Bernard raconte avec une rare maestria l’hallucinant voyage dans l’enfer blanc de la Grande Armée, en suivant l’itinéraire de onze hommes et une femme à travers la plaine enneigée, les collines verglacées, les forêts pétrifiées, au milieu des combats et du harcèlement des cosaques. Il raconte l’histoire de leur lutte quotidienne contre le froid extrême, le blizzard, la faim, la peur, le désespoir. Elle est comédienne ; ils sont officiers, sous-officiers ou soldats, diplomate (Caulaincourt), fonctionnaire et bientôt grand écrivain (Stendhal) ; ils se battent et avancent, passent monts et rivières, d’abord soutenus par le sens du devoir, puis par l’instinct de survie qui fait sauter cadres hiérarchiques, conventions sociales, et jusqu’aux repères moraux. Il n’y a plus d’armée, plus d’ami, mais le désir de s’en sortir, d’en finir avec une épreuve qui dépasse toutes les souffrances connues.
Napoléon est l’un de ces hommes. D’abord désorienté par l’évolution d’une campagne où rien ne s’est passé comme il l’escomptait, il s’efforce de sauver ce qui peut l’être quand s’annonce le désastre. Pour lui et son Empire, c’est le début de la fin ; pour les 20 000 survivants, vieillis, désabusés, l’âme marquée d’inguérissables blessures, « c’est encore la guerre et déjà, irrépressible, le temps du souvenir ».

Diplômé de l’École nationale d’administration (1992, promotion Condorcet), Michel Bernard est romancier et essayiste. Son œuvre a été couronnée par de nombreux prix littéraires d’envergure dont le prix littéraire de l’armée de terre-Erwan Bergot, le prix France Télévisions et le Grand Prix catholique de littérature.

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