Prix 2022
Grand Prix de la Fondation Napoléon 2022
Léonard Burnand, Benjamin Constant, Éditions Perrin
À la fin de sa vie, Benjamin Constant déclarait : « Je veux qu’on dise après moi que j’ai contribué à fonder la liberté en France. » La postérité ne lui a pourtant pas rendu suffisamment justice, célébrant plutôt le romancier d’Adolphe, chef d’œuvre pionnier de l’autofiction, que le combattant inlassable de « la liberté en tout », selon son expression. Né en 1767 à Lausanne dans une famille protestante d’origine française, orphelin de mère dès sa naissance, il mena une existence vagabonde à travers l’Europe, où il se fit remarquer aussitôt par la puissance de son esprit et son extraordinaire facilité d’expression, ainsi que par ses amours erratiques et ses dettes de jeu.
En 1795, formant avec Germaine de Staël un couple exceptionnel et orageux, il s’engage en politique. Par la plume et par l’action, sa ligne ne variera jamais : conjurer la tentation totalitaire par un gouvernement représentatif équilibré et garantissant toutes les libertés, celle de la presse comme celle des Noirs. C’est pourquoi il s’opposa vivement à l’Empire autoritaire puis à la Restauration réactionnaire. Parmi ses innombrables écrits et discours, les Principes de politique furent le bréviaire de la jeunesse libérale, et ses obsèques, en décembre 1830, donnèrent lieu à Paris à une énorme manifestation de foule, qui saluait la liberté faite homme. Dans une démocratie en crise, Benjamin Constant est plus actuel que jamais.
Professeur d’histoire moderne et doyen de la faculté des Lettres de l’université de Lausanne, Léonard Burnand dirige en son sein, depuis 2012, l’Institut Benjamin-Constant. À ce titre, il est associé à la publication monumentale des Œuvres complètes et préside le comité de rédaction des Annales Benjamin Constant. Il est notamment l’auteur de Necker et l’opinion publique (2004) et, en collaboration, de Germaine de Staël et Benjamin Constant. L’esprit de liberté (Perrin, 2017)
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Prix du Jury de la Fondation Napoléon 2022
Sophie Muffat, Les marins de l’Empereur, Éditions Soteca
Les marins du Consulat et de l’Empire sont les mal-aimés de l’épopée impériale. Napoléon n’est pas un marin, et bouleverse les conditions d’existence d’hommes qu’il entend transformer en militaires interchangeables, contre leur gré, contre le gré de son ministre.
Car au-delà des batailles et des vaisseaux, la Marine, ce sont des hommes. Ils s’appellent Gaspard Dot le canonnier, ou Pain l’officier d’administration. La vie de marin commence très jeune et elle commence à terre. Le marin de l’arsenal est ouvrier, constructeur, ingénieur, celui qui embarque est matelot, officier marinier, officier de vaisseau, ou surnuméraire. Être marin sous l’Empire, c’est être pauvre, soumis à l’inscription maritime et vivre pendant des mois à plusieurs centaines dans un espace extrêmement réduit, dans des conditions précaires ou relativement confortables selon le grade. La vie à bord est tributaire des talents de l’officier de santé, de la conservation de l’eau et des rations, des combats, de la victoire ou de la défaite. C’est alors le retour à terre des prisonniers, pour une vie dans un cautionnement « sur parole » en attente du cartel d’échange ou sur les pontons de sinistre réputation. À la fin de sa carrière, et s’il a de la chance après 300 mois de campagne, il peut espérer une retraite. À moins qu’il ne bénéficie d’un traitement de réforme ou d’invalide.
Cet ouvrage enquête sur les conditions réelles d’existence des marins du Consulat et de l’Empire, en bousculant les idées reçues. Ce sont ici les vies de deux ministres Forfait l’ingénieur et Decrès l’amiral, de Pierre Lair et Jean-Denis Chevillard les constructeurs, Fulton et Tupinier les ingénieurs oubliés et incompris qui sont évoquées. Ce sont celles aussi des officiers mariniers Palkène et Brasseur, de Guérin le lieutenant de vaisseau d’Aboukir, de l’extravagant Fréminville ou des ennemis jurés Nelson et Villeneuve.
Sophi Muffat est spécialiste en histoire navale du Directoire à la fin du Premier Empire. Professeur de lettres modernes et membre du Souvenir Napoléonien, c’est aussi une conférencière et l’auteure d’articles spécialisés notamment dans la revue Napoléon Ier. Elle est notamment co-auteure d’une monographie de construction navale, le Bateau canonnier de 60 pieds modèle an XII, et d’un ouvrage en collaboration avec Pascal Cyr : Desaix en Égypte, le conquérant de Bonaparte, paru en 2019 aux éditions AKFG. Elle a obtenu en 2013 et en 2022 la Médaille de l’Académie de Marine.
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Mise en ligne : 9 novembre 2022