Prix 2015
PRIX PREMIER EMPIRE
Franck FAVIER, Berthier, l’ombre de Napoléon, Paris, Éditions Perrin
Davout, Lannes, Murat, Ney, Lefebvre… autant de compagnons de la gloire et de l’épopée napoléonienne. Etrangement, le nom de Berthier occupe rarement les premiers rangs, comme si on lui déniait sa participation active aux succès et aux échecs de l’Empereur. Pourtant, pendant près de dix-huit ans, il fut le maréchal de l’ombre, suivant Napoléon dans toutes ses campagnes, transcrivant et transmettant avec fidélité ses ordres, de jour comme de nuit. L’aigle sut le combler en lui attribuant fonctions, honneurs et richesses, sans pour autant l’apprécier humainement.
Considéré comme incolore et sans esprit, accusé sans fondement de trahison en 1814, mort de façon mystérieuse en 1815, le major général de la Grande Armée reste méconnu. On oublie souvent qu’il a existé avant Napoléon : il a servi dans les armées de Louis XVI, combattu en Amérique et pendant la Révolution, tissé des amitiés avec La Fayette, Noailles ou encore Rochambeau. De même, au-delà des fastes de l’Empire, l’homme apparaît plus complexe : amoureux passionné d’une marquise italienne, mari d’une princesse bavaroise, père de famille attentionné et gestionnaire averti d’un domaine foncier sans équivalent dans la France impériale.
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PRIX SECOND EMPIRE
Viviane DELPECH, Alban GILBERT (photogr.), Abbadia, le monument idéal d’Antoine Abbadie, Rennes, Presses universitaires de Rennes
Situé sur un promontoire sauvage de la corniche basque, le château d´Abbadia fut édifié près d´Hendaye de 1864 à 1884 par Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc et son collaborateur Edmond Duthoit pour l´explorateur scientifique Antoine d´Abbadie. Silhouette médiévale, parc paysager à l´anglaise et essences exotiques, décors et mobiliers néogothiques, orientaux et éthiopiens, cette demeure rassemble les principes de l´architecture rationaliste et témoigne de la vie atypique de son commanditaire.
Propriétaire terrien, d´Abbadie finança cette construction fastueuse grâce au bénéfice de ses innombrables placements. Son aisance économique lui permit de réaliser au mieux ses désirs d´esthète si bien que, grâce au talent de ses maîtres d´œuvre, l´édifice se caractérise avant tout par son métissage, tant du point de vue de l´architecture, de la décoration et du mobilier que de celui de ses usages voués à l´étude, la dévotion ou aux mondanités. Abbadia illustre également par bien des aspects les modes de vie d´une certaine élite sociale du Second Empire régie par le goût et l´érudition. Élu correspondant de l´Académie des Sciences en 1852 et membre de cette illustre institution en 1867, d´Abbadie comptait dans ses cercles de connaissances le prince Louis-Lucien Bonaparte, avec lequel il collabora et partagea la passion de la linguistique basque, et l´empereur Napoléon III, qui lui avait promis d´inaugurer son château en y déposant symboliquement la dernière pierre. C´est pourquoi il destina pour ce dernier une suite impériale au décor et au mobilier extrêmement ouvragés dans sa prestigieuse demeure. Cet ouvrage, issu de la thèse de doctorat de l’auteur, permet de connaître une œuvre presque inexplorée de l´architecture civile de Viollet-le-Duc, l´une de ses rares créations complètes, et surtout l´un des rares ensembles cohérents du Second Empire.
Viviane Delpech a reçu une Bourse d’études de la Fondation Napoléon en 2010 pour ses travaux de recherche sur le château d’Abbadia.
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PRIX DU JURY
Hervé DUMONT, Napoléon. L’épopée en 1 000 films, Lausanne, Ides et Calendes
« Dans la mesure où il analyse pour la première fois l’ensemble de la production mondiale sur Napoléon et son temps, cet ouvrage encyclopédique est unique à ce jour, tant par ses informations sans fards que par sa très rare iconographie.
L’empreinte de Napoléon et de la France révolutionnaire, puis impériale sur toute l’Europe, a inspiré quelque 1 000 films et téléfilms de fiction (dramatiques, feuilletons et séries comprises) de 1897 à nos jours. De provenance internationale : européenne d’abord, de Madrid à Stockholm et Moscou, mais aussi américaine, canadienne, égyptienne, syrienne, mexicaine, argentine, brésilienne, etc. Des films encensés, adorés, oubliés ou perdus dont environ la moitié est restée inédite dans l’Hexagone.
Pour chaque pays et à chaque décennie, Napoléon occupe une place singulière, entre fascination, adulation, rejet. Chaque film, chaque interprète même de l’Empereur – Raymond Pellegrin, Marlon Brando, Rod Steiger, Charles Boyer, Sacha Guitry, Christian Clavier – suscite une lecture différente de l’Histoire, teintée de légende, de parti-pris ou d’idées reçues. « La vie de Bonaparte est une vérité incontestable que l’imposture s’est chargée d’écrire », a dit Chateaubriand, un constat que l’audiovisuel répercute au centuple tout en offrant à travers ses reconstitutions un portrait idéologique décapant – et passionnant – de notre propre époque. Car alors qu’elle ressuscite un XIXe siècle fantasmé, la caméra, souvent, parle d’aujourd’hui. »
À l’occasion de la sortie de son ouvrage, Hervé Dumont avait accordé une interview à napoleon.org.
► Mise à jour 7 décembre 2020 : L’auteur a décidé la mise en ligne de l’intégralité du contenu de cet ouvrage, sur son site Cinéma & Histoire / Histoire & Cinéma, encyclopédie en ligne du film historique qui étudie les rapports complexes entre l’Histoire, la politique, l’audiovisuel et l’image en général.