Prix 2011
PRIX PREMIER EMPIRE
Michel DANCOISNE-MARTINEAU, Chroniques de Sainte-Hélène Atlantique sud, Paris, Perrin
Octobre 1815, Napoléon et sa suite, avec la garnison anglaise chargée de sa surveillance, débarquèrent sur un îlot rocheux et inaccessible de l’Atlantique sud. Dès lors rien ne sera plus pareil pour la colonie dont la petite histoire tranquille et entêtante fut bousculée par l’irruption inattendue de la grande. Cette dernière est désormais bien connue. Michel Dancoisne-Martineau en prend le contre-pied, en entrant dans l’intimité de ceux qui ont été mêlés, parfois de très loin, aux affaires de la retentissante captivité : voici, outre le terrible Hudson Lowe, le très original révérend Boys, le « juif » Solomon, l’impertinente Betsy Balcombe, le maître d’hôtel Cipriani, les esclaves employés sur l’île, les Chinois de la Compagnie des Indes, les prostituées de la prison, et tout un microcosme digne de la comédie humaine, battu par la mer, assommé par l’isolement et l’inaction, tandis que passent, en fond de tableau, les premiers rôles et l’ombre fugitive du Grand Homme.
Cinquante-quatre historiettes, nourries par les archives pour l’essentiel inédites de la capitale Jamestown, sont autant de scènes de genre qui recréent ce que l’historien a toujours du mal à saisir, l’air et le goût du temps.
PRIX SECOND EMPIRE
Nicolas CHAUDUN, L’été en enfer, Napoléon III dans la débâcle, Arles, Actes Sud
Août 1870, l’armée impériale est défaite, le régime effondré, le territoire envahi.
L’effondrement instantané du Second Empire secoue l’Europe entière et inaugure pour la France un siècle de déclin convulsif. On a beaucoup glosé sur cette « débâcle », cette année terrible. Mais dans l’ensemble de ces commentaires, rien sur l’empereur Napoléon III, mis à part l’éternel refrain d’un souverain errant sur les champs de bataille en quête d’une mort qui l’épargnerait du déshonneur.
L’inanité d’un chef dépossédé du pouvoir, puis dépouillé du commandement militaire, peut justifier ce silence. L’impeccable réserve que s’imposèrent les compagnons d’infortune l’explique encore. Cependant, Napoléon III incarne parfaitement ce héros des tragédies classiques. La prémonition du désastre mais aussi son acceptation, les souffrances physiques qu’il endure, et la cruauté de ses relations avec l’impératrice soutiennent une tension dramatique qui s’installe dès le début de la crise.
L’auteur, Nicolas Chaudun, nous livre ici un récit passionnant et très documenté des derniers feux du Second Empire et du long calvaire d’un Napoléon III épuisé par la maladie. Écrit avec beaucoup de justesse et une belle plume, ce livre rend justice à l’Empereur.
PRIX DU LIVRE NON FRANCOPHONE
Alison McQUEEN, Empress Eugenie and the Arts: Politics and Visual Culture in the Nineteenth Century, Ed. Ashgate
Reconstituant la position de l’Impératrice Eugénie en tant que collectionneur privé et mécène public, cette étude d’Alison McQueen est la première à étudier Eugénie (1826-1920) sous cet aspect largement oublié par ses biographes. L’action de l’impératrice pour les arts est replacée dans le contexte de son rôle politique dans le développement des institutions et des relations internationales. Empress Eugénie and the Arts: Politics and Visual Culture in the Nineteenth Century examine aussi les représentations de l’Impératrice, et sa transformation artistique d’une femme espagnole en l’une des personnalités de premier plan de la politique française. Eugénie s’autodéfinit comme impératrice à travers ses collections, jusqu’à ses derniers jours en exil en Angleterre. L’art faisait partie intégrante de sa position sociale et politique.