Prix 2006

2006PrixGarnierGRAND PRIX D’HISTOIRE

Jacques GARNIER, Austerlitz, 2 décembre 1805, Paris, Fayard
De Tolstoï à Abel Gance, Austerlitz participe de la légende autant que de l’histoire. Le génie militaire de Napoléon y a donné toute sa mesure face à un ennemi double – autrichien et russe -, alors que l’issue victorieuse n’allait pas de soi. Au moyen des archives militaires et de récits des combattants (les sans-grade comme les illustres), Jacques Garnier raconte comment une armée rassemblée pour envahir l’Angleterre s’est portée en quelques semaines au cœur de l’Europe centrale et comment elle a été rejointe par d’autres troupes françaises stationnées en Italie. C’est ensuite jour par jour, puis heure par heure qu’il décrit les plans successifs des adversaires et qu’il évoque, cartes à l’appui, les combats – majeurs ou mineurs, tous ont leur importance – ayant précédé l’affrontement final du 2 décembre 1805. Les pertes françaises seront très faibles en comparaison de celles des Alliés, et la victoire aura instantanément des effets géopolitiques considérables : fin du Saint Empire romain germanique, rattachement de Venise au royaume d’Italie, installation de Napoléonides sur les trônes de Naples et de Hollande, etc. Éminent spécialiste des guerres napoléoniennes (il a rédigé les notices relatives aux campagnes et aux batailles du Dictionnaire Napoléon, dirigé par Jean Tulard), Jacques Garnier donne ici le fruit de nombreuses années de recherches documentaires.

2006PrixHazareesinghPRIX SECOND EMPIRE

Sudhir HAZAREESINGH, La Légende de Napoléon, Paris, Tallandier
Le XIXe siècle n’a cessé de humer, selon la formule d’Aragon, « l’odeur enivrante de la poudre napoléonienne », au point de plébisciter le retour à l’Empire. Si le XXe et le XXIe siècles se sont montrés plus circonspects, Napoléon demeure une référence dans la conscience collective des Français — malgré les débats, parfois vifs, sur l’héritage ambigu de l’ère napoléonienne, malgré la gêne de la République devant le plus illustre des dictateurs. Il existe une image de l’Empereur, dont les spécialistes débattent : l’a-t-il imposée sous son règne ou bien à Sainte-Hélène, par ce chef-d’œuvre de réinvention qu’est le Mémorial de Las Cases. Ce n’est pas tant au mythe que s’intéresse l’historien britannique Sudhir Hazareesingh qu’à la construction de la mémoire napoléonienne. Au début de 1815, l’aura de Napoléon était en lambeaux : la majorité des Français étaient las d’une aventure qui avait signifié dictature, conscription et, finalement, invasion. À la fin de la même année, après les Cent-Jours, les bases de la légende napoléonienne étaient posées. En prenant le pouvoir sans un seul coup de feu, Napoléon s’était posé en sauveur de la nation. Fouillant les archives, l’auteur a retrouvé partout à l’époque les traces de la popularité de Napoléon. Des traces d’une extraordinaire affection populaire : rumeurs d’un retour de l’Empereur puis miraculeuses apparitions posthumes, manifestations spontanées et festives dans des villages, célébrations des vétérans, culte des objets commémoratifs… Dans le même temps, la légende, loin de se limiter au cercle des bonapartistes, était une formidable arme de la subversion. Rien n’y fit, ni la réintégration par Louis-Philippe de Napoléon dans la mémoire nationale, ni le retour de la République en 1848. Les orléanistes l’utilisèrent contre les Bourbons, les républicains contre les Orléans, et enfin Louis Napoléon Bonaparte contre l’Assemblée nationale… La légende de Napoléon a forgé la culture politique française, avec cette notion de sauveur de la nation, sorte de messianisme, dont l’Empereur fut sans doute en 1815 la plus étonnante figure.

 

2006PrixBroersPRIX DU LIVRE NON FRANCOPHONE

Michael BROERS, The Napoleonic Empire in Italy, 1796-1814, Palgrave Macmillan
Ce livre étudie le développement de l’impérialisme français en Italie de 1796 à 1815. En utilisant le vocabulaire d’impérialisme extra-européen – c’est-à-dire, impérialisme culturel, acculturation, assimilation et intégration, Michael Broers prend individuellement chaque région de l’Italie napoléonienne (Piémont, Ligurie, Parme/Plaisance, Toscane et les États du Pape). La question sous-tendant l’ensemble de la problématique porte sur les raisons du rejet par les Italiens du programme révolutionnaire de « régénération » conduit par les Français en Italie. Dans une 1ère partie, l’auteur étudie l’émergence d’un patriotisme entre 1800 et 1809 qui va stimuler les courants antirévolutionnaires.
La 2e partie étudie le « fantôme de l’intégration », c’est-à-dire le gouffre auquel le régime français en Italie fut confronté, entre la société civile voulue par les administrateurs français et le pays réel.

 

2006PrixVizirChevalPRIX DU LIVRE DE FICTION

Philippe THOMAS-DEREVOGE, Le Vizir, le plus illustre cheval de Napoléon, Paris, Éditions du Rocher
Au début de son règne, Napoléon reçoit du sultan Selim III un somptueux cadeau : un bel étalon gris appelé Le Vizir. Au moment de s’en séparer, le souverain ottoman s’adresse au pur-sang :  » Va, mon cher Vizir. Va pour Mahomet, va pour ton sultan, va et deviens le plus illustre cheval de Napoléon.  » Le plus extraordinaire est qu’il le devint, en effet. Non seulement le plus illustre, mais le plus fidèle, accompagnant l’Empereur déchu jusque dans son exil à l’île d’Elbe. C’est cet extraordinaire compagnonnage que raconte ici, de façon certes romancée mais toujours scrupuleusement exacte, l’écrivain et cavalier Philippe Thomas-Derevoge. Tout en immortalisant le souvenir du Vizir, il répare une injustice : pour la première fois, la vie de ces héros anonymes que furent les mille cinq cents chevaux réservés à l’Empereur, de ces milliers d’autres qui composèrent la cavalerie impériale, de ces hommes et de ces femmes qui les entouraient de leurs soins, de leur science et de leur affection, sont restitués dans toute leur touchante réalité.