Carnet > Décès de Jacques Garnier (1940-2024)
Nous avons appris la disparition de l’historien Jacques Garnier.
Homme attachant, accueillant et généreux, Jacques Garnier faisait partie de ces historiens omniscients qui ne se mettait jamais autrement en avant que par son travail et ses publications, dont la plupart ouvraient des réflexions et des perspectives nouvelles. Il fut l’auteur de nombreux ouvrages, souvent primés, comme L’art militaire de Napoléon (Perrin, 2015) qui reçut le prix Pierre Messmer de l’Académie des Sciences morales et politiques.
Né le 17 avril 1940, à Dijon, il fut diplômé de Sciences Po à Paris. Sa passion « napoléonienne » lui venait peut-être de son enfance, passée non loin de Gevrey-Chambertin et de Fixin, où se trouve la sculpture Napoléon s’éveillant à l’immortalité de Rude. Il y possédait des vignes, ce qui lui faisait parfois plaisanter sur sa profession d’« historien-récoltant. »
Doté de la plus extraordinaire bibliothèque que l’on puisse imaginer, il avait publié des livres essentiels comme son Austerlitz. 1805, qui avait reçu le Grand Prix de la Fondation Napoléon en 2006, L’art militaire de Napoléon (Perrin, 2015, prix Pierre Messmer de l’Académie des Sciences morales et politiques), Les secrets de Waterloo (Vuibert, 2015) ou son édition des Bulletins de la Grande Armée (Soteca-Belin, 2013), elle aussi récompensée par l’Institut de France. Il produisit l’édition de référence des Mémoires du général Marbot (Mercure de France, 1983) et plusieurs autres souvenirs d’anciens de l’épopée. Il avait mis son érudition au service de la publication de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte (Fayard-Fondation Napoléon).
Les choses napoléoniennes ne constituent qu’une partie de son œuvre. Il avait par exemple publié un indispensable Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l’histoire de France (2004), qui lui avait pris de nombreuses années, et participé à de très nombreux collectifs, avec Jean Tulard, de l’Institut (notamment pour l’indispensable Nouvelle bibliographie critique des mémoires sur l’époque napoléonienne écrits ou traduits en français de 1991), avec Claude Quétel, Hervé Drevillon, etc. Il avait également contribué à la Cambridge History of the Napoleonic Wars. Une œuvre solide et multiforme qui a sa place dans toute bibliothèque d’histoire militaire et à laquelle restera attachée son amitié pour tous ses confrères. Il ne vécut en effet jamais son activité d’historien comme une compétition, mais comme l’occasion de former une « bande » sincère.
Jacques Garnier fut administrateur de l’Institut Napoléon, membre de la Commission française d’Histoire militaire, de la Société de l’histoire de France et du Comité scientifique du musée de l’Armée. En 2021, il fut nommé au grade de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
À son épouse, à sa famille et ses nombreux amis, la Fondation Napoléon adresse ses très sincères condoléances.
mise en ligne 14 novembre 2024