Carnet > Décès de l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie
Né le 19 juillet 1929 dans le Calvados, Emmanuel Le Roy Ladurie est mort à l’âge de 94 ans, le 22 novembre 2023. Normalien, agrégé d’histoire et docteur ès lettres, il débute comme professeur au lycée de Montpellier, avant de rejoindre le CNRS en 1955. Il devient en 1965 directeur d’études à l’École des Hautes Études avant de rejoindre la Sorbonne en 1970. Trois ans plus tard, il succède à son mentor, Fernand Braudel, comme professeur titulaire de la chaire d’histoire de la civilisation moderne au Collège de France, qu’il occupe jusqu’en 1999. Administrateur général de la BnF de 1987 à 1994, il en a ensuite présidé le Conseil scientifique jusqu’en 2000.
Ce parcours, qui peut sembler d’un très grand classicisme, ne l’a pas empêché d’être un précurseur. Tenant dès les années 1960 de l’histoire quantitative, virtuose des chiffres, des cartes et des graphiques, il affirme déjà en 1968 que « l’historien de demain sera programmeur ou ne sera pas » (« La fin des érudits », Le Nouvel Observateur, 8 mai 1968). Précurseur encore, il s’empare très tôt de la question d’un réchauffement climatique qu’il observe et annonce, suscitant l’apparition d’un nouveau champ disciplinaire, celui de l’histoire du climat.
Sa pertinence, sa clairvoyance et la qualité de sa plume ont fait de lui l’historien respecté et reconnu par ses pairs, qui ont dit de lui qu’il était un « grand historien » (Jacques Le Goff), un « historien total » (Peter Lennon), un « magicien de l’histoire » (Lauro Martines), certains voyant en lui un « nouveau Michelet » (André Burguière). Ces qualités lui ont également valu un large succès auprès du grand public, et parmi la cinquantaine d’ouvrages qu’il a publiés, plusieurs ont été de véritables succès de librairie, et ont été traduits dans plusieurs langues.
À sa famille et à ses proches, la Fondation Napoléon adresse ses condoléances attristées.
Mise en ligne 23 novembre 2023