Carnet > Décès du président Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020)

Carnet > Décès du président Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020)
Le président Valéry Giscard d'Estaing serrant la main de "l'empereur" Marc Schneider, à la Moskowa, 2012 © DR

Nous ne rappellerons pas ici la carrière politique du président Valéry Giscard d’Estaing, qui a été racontée et analysée par toute la presse. Nous rappellerons simplement pêle-mêle quelques liens, parfois étonnants, qu’il entretenait avec le monde napoléonien.

En réalité, il a été napoléonien au berceau. Par sa famille maternelle, les Georges-Picot et les Bardoux, il descendait de Montalivet, ministre de l’Intérieur de Napoléon Ier. Son arrière-grand-père, Agénor Bardoux (1829-1897) avait été sénateur bonapartiste du Puy-de-Dôme, penchant politique conservé (mais moins publiquement) par son grand-père Jacques Bardoux (1874-1959), grâce à qui le futur président se lia au début des années 1950 avec le Prince Napoléon. C’est d’ailleurs à l’Élysée qu’il lui remettra les insignes d’Officier de la Légion d’Honneur.

Bon sang ne saurait mentir, tous ceux qui ont connu Valéry Giscard d’Estaing -qui fut toute sa vie réputé (ou accusé d’être) orléaniste- témoignent que l’histoire du Consulat et de l’Empire le passionnait. Alors conseiller à la présidence de la République, Olivier Fouquet (actuel vice-président de la Fondation Napoléon) se rappelle qu’en 1978, lors de la préparation de son voyage officiel en URSS, Valéry Giscard d’Estaing avait demandé à ce qu’on inscrive la visite du champ de bataille de La Moskova à son programme, ce qui avait valu au cabinet un cours sur la campagne de Russie lors de sa réunion hebdomadaire. Léonid Brejnev accéda bien volontiers à sa demande et on ignore si les deux hommes d’État débattirent sur qui gagna la bataille. La Moskova, il y retourna d’ailleurs en 2012, pour le bicentenaire… ce qui lui donna l’occasion de serrer la main de l’Empereur, en l’occurrence Marc Schneider. La photo de ce moment étonnant fit le tour du monde. Ajoutons que lors qu’il était au pouvoir, même si Le Chant du départ était sa marche favorite, il aimait à passer les troupes en revue au son de La Marche consulaire. C’est encore lui qui parvint in-extremis à faire acheter par les Archives nationales les papiers de Joseph Bonaparte à la famille Wellington, pour éviter leur dispersion en vente publique.

Élu à l’Académie française le 11 décembre 2003, Valéry Giscard d’Estaing occupait le fauteuil n° 16, qui avait été à partir de 1803 celui d’Antoine-Vincent Arnault (1766-1834), un des auteurs favoris de Napoléon (qui emporta ses œuvres complètes à Sainte-Hélène), puis à partir de 1822, celui du philologue Bon-Joseph Dacier (celui à qui Champollion adressa sa fameuse lettre annonçant le déchiffrement des Hiéroglyphes). Dans sa carrière littéraire, on se rappelle qu’il consacra en 2010 un de ses romans à 1812, ouvrage intitulé La victoire de la Grande Armée, chez Plon. Ça n’était pas le roman napoléonien du siècle, mais il montrait la passion napoléonienne de l’ancien président.
Ces dernières années, le président Giscard d’Estaing ne manquait aucune occasion de rappeler cette fibre ancienne, tant au président Victor-André Masséna qu’à notre directeur Thierry Lentz. Il avait par exemple acquis tous les volumes de la Correspondance générale de Napoléon et avait même honoré notre institution d’une visite.
Pour terminer, tout le monde aura noté que le président Valéry Giscard d’Estaing s’est éteint un 2 décembre.

À sa famille et à tous ceux, si nombreux, que son décès a touché, la Fondation Napoléon présente ses très sincères condoléances.

3 décembre 2020