Nécessaire de voyage
Martin-Guillaume Biennais (1764-1843)
Nécessaire de la duchesse d’Otrante1815
Acajou, argent doré, ébène, or, ivoire, cristal, nacre, maroquin, laiton, bronze doré
Signature sur la serrure : « Biennais Orfèvre rue St Honoré n°283 Au Singe Violet à Paris »
Coffret : H. 16 ; L. 40 ; P. 30 cm.
Inv. 566, donation Lapeyre
Le 1er août 1815, Joseph Fouché, duc d’Otrante (1759-1820), épousait en secondes noces Ernestine de Castellane (1788-1850), jeune et jolie provençale de trente ans sa cadette. Le fleuron de la corbeille de mariage était un chef-d’œuvre signé Biennais, un nécessaire de voyage à la célèbre enseigne du « Singe Violet », petite merveille d’ébénisterie et d’orfèvrerie qui témoigne d’un événement singulier de l’Histoire de France, l’alliance de Fouché, tout puissant ministre de la Police, ancien jacobin et régicide, avec une Castellane, l’un des plus beaux noms de l’armorial de Provence.
Tabletier, ébéniste et orfèvre, fournisseur officiel de la cour impériale, Biennais s’était fait une spécialité de ces nécessaires, petits coffrets transportables en bois rare creusé dans la masse contenant un maximum d’objets dans un minimum d’espace. Napoléon possédait plusieurs grands nécessaires de voyage en vermeil ou en argent. C’est donc tout naturellement au virtuose du genre que Fouché commanda ce luxueux cadeau de mariage.
D’un raffinement extrême, le nécessaire de la duchesse d’Otrante rassemble 75 pièces s’imbriquant ingénieusement dans un coffret en acajou creusé, portant sur son couvercle le monogramme CF sous couronne ducale entouré de lauriers. Outre des dizaines d’ustensiles nécessaires à la toilette et à l’écriture, le coffret conserve un service à thé et à café en vermeil ciselé et gravé d’un décor à l’antique et de scènes mythologiques évoquant l’hymen. Le descriptif du contenu est étonnant au regard des dimensions du coffret : une théière, une cafetière, une chocolatière, un réchaud, une boîte à thé, deux tasses et leurs soucoupes, une aiguière et son bassin, trois boîtes dont deux à double-fond, un verre, deux couverts de table, deux cuillers à café, quatre couteaux, trois pots à onguent, quatre boîtes en ivoire, sept flacons en cristal, deux flacons à sel, deux brosses en ivoire, deux canifs, trois paires de ciseaux, une pince, un ensemble de pièces d’hygiène dentaire dont une brosse à dents, un ensemble de pièces à coudre dont un dé en or émaillé et un mètre pliant en nacre monté en or, un porte-plume, un compas, etc.. Un tiroir latéral abrite de plus une écritoire portative avec son encrier et son sablier. Enfin, l’intérieur du couvercle accueille un miroir octogonal et cache derrière lui un ensemble de soufflets en maroquin rouge et vert doré au fer.
Photos © Fondation Napoléon – Patrice Maurin-Berthier