Prix 1980 (SN)
Frédéric BLUCHE, Le Bonapartisme de 1815 à 1850, Nouvelles Éditions Latines
Comment concilier la légitimité démocratique issue de la souveraineté populaire et l’hérédité dynastique ?
L’histoire du bonapartisme à ses origines est celle d’une gageure. L’ouvrage de Frédéric Bluche, première étude d’ensemble sur le bonapartisme méconnu de la première moitié du XIXe siècle, fait le point sur ses origines doctrinales.
Le bonapartisme, doctrine simpliste et ambiguë à la fois, courant politique souterrain et méthode de conquête du pouvoir, cherche tout au long de ce demi-siècle à réconcilier la souveraineté du peuple et la monarchie administrative et centralisatrice. Ce souci constant de fusion nationale au-dessus des partis lui donne paradoxalement une orientation politique centriste : le bonapartisme entend appliquer sur le mode autoritaire les principes de la Révolution modérée.
Du coup d’État du 19-Brumaire an VIII à celui du 2 décembre 1851, le bonapartisme ne parviendra as à surmonter ses contradictions. Il séduit pourtant et séduira longtemps encore un personnel politique assez marginal composé d’aventuriers et un électorat paysan (ce que les historiens conviennent d’appeler la démocratie rurale). En revanche, le ralliement des élites au Premier puis au Second Empire est provisoire par définition. La séduction qu’exerce le bonapartisme sur les hommes et aussi occasionnelle que le phénomène politique est lui-même intermittent.