Bourses d’études 2009

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER EMPIRE

  • Adeline BEAUREPAIRE-HERNANDEZ : Élites et notabilités dans les départements méditerranéens sous le Consulat et l´Empire
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon,
    Paris IV Sorbonne
    L’étude du personnel politique et administratif issu d’une notabilité financière, structurant un groupe social hétérogène, dans les départements français méditerranéens propose un travail concernant notamment les électeurs de département, maires ou adjoints au maire, membres du conseil général, présidents de canton, membres du Corps Législatif, membres du Tribunat et sénateurs, préfets et sous-préfets. Un volet de la recherche portera sur leur parcours politique et administratif au sein de l’Empire, les différentes charges auxquelles ils ont eu accès, les stratégies mises en œuvre pour y parvenir. Il sera intéressant d’établir quel a été leur parcours avant la mise en place de l’Empire Français, de ses structures administratives et politiques, de savoir comment ces personnes ont collaboré avec ce nouveau régime, soit par opportunisme soit par engagement, mais aussi (et sans doute surtout) à travers tout un spectre de postures intermédiaires. Par delà ces itinéraires publics, on pourra se demander comment ces participations à l’appareil administratif et politique impérial sont associées à une pratique spécifique du social networking, à une inscription dans un espace relationnel avec son cortège de représentations et de mise en scène de la vie sociale.
    Pour compléter cette étude sur leur vie publique, il sera nécessaire de se pencher sur leur itinéraire, sur leur état civil, leur environnement social, leur formation, leur vie professionnelle hors vie publique ainsi que les formes de sociabilité qu’ils investissent.
    Poser ces questions, pour chaque figure du corpus permet de ne pas enfermer un individu dans un temps court, dans un isolat biographique, mais de l’intégrer dans un groupe, un milieu voire dans des réseaux qu’il conviendra de mettre en évidence.
    Cette étude se structurera autour d’un questionnaire unifié pour l’étude de l’ensemble des notables grâce à une méthode prosopographique et la mise en place d’une base de données sur FileMaker Pro.
  • Margarita CIFUENTES-CUENCAS : Le régiment impérial « Alexandre ». Les Espagnols dans l´armée de Napoléon Ier
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Fernando Suarez,
    Université Rey Juan Carlos de Madrid

    Le 24 juin 1812 la Grande Armée traverse le fleuve Niémen. Débute alors la Campagne de la Russie. L’« armée des 20 nations », comme l’appelle Napoléon, se compose de troupes provenant de toutes les garnisons de l’Europe occupée. Parmi elles, on aperçoit des soldats dont les uniformes de couleur blanche contrastent avec leurs visages citrins : ce sont les Espagnols du Régiment Joseph Napoléon. Presque tous sont des prisonniers n’ayant pas réussi à s’enfuir du Danemark après le soulèvement du 2 mai de 1808 et qui ont été recruté pour renforcer les effectifs. Cette Division, composée par 14.000 hommes, a été envoyée par le roi d’Espagne en appui à l´embargo continental décrété par Napoléon contre l’Angleterre (Décret de du 13 février 1809).
    En France ils restaient en effet autour de 34000 Espagnols capturés au cours de la Guerre d’indépendance. L’organisation et le recrutement avaient été confiés au maréchal de champ : Kindelán, qui parcourut tous les réserves de prisonniers à la recherche de volontaires. Initialement cette unité devait être envoyée en Espagne à fin de renforcer les effectifs du Roi Joseph Ier. Au lieu de cela, Napoléon choisit de les utiliser pour la Campagne de la Russie, en l’intégrant au Premier Corps d’Armée (maréchal de champ Davout) et au Quatrième Corps de l´Armée (Prince Eugène). Après avoir participé aux batailles les plus importantes, un groupe parmi eux, le 9 décembre de 1812 à Vilnius, dans les derniers jours de la tragique retraite, passe dans l’Armée russe. Le tsar Alexandre Ier avec ces soldats et quelques prisonniers créé alors à Saint-Pétersbourg un nouveau régiment d’infanterie appelé « Imperial Alexandre». Armé et équipé sur ordre du tsar, il rentre en Espagne le mois suivant.

  • Joseph HORAN : Fibre d´Empire. Culture du coton à l´époque napoléonienne
    Thèse d’histoire sous la direction des professeurs Darrin MacMahon et Rafe Blaufarb, Florida State University
    De 1806 à 1814, le ministre de l’Intérieur de Napoléon entreprit d’acclimater la culture du coton au sud de la France. Il avait l’intention d’assurer une production domestique du coton afin de mettre fin à la dépendance sur le trafic maritime, le commerce et les manufactures britanniques. En collaboration avec des administrateurs locaux et des experts en la matière, le ministère distribua des semences de coton et des guides d’instructions à des propriétaires fonciers dans le sud de la France ainsi que dans les régions de l’Italie qui avaient été annexées à l’Empire français. Malgré son échec éventuel, ce projet représente un chapitre important de l’histoire napoléonienne. Le projet d’introduction de la culture du coton visait la transformation du sud de la France au niveau écologique, économique et social. Cette thèse cherchera à évaluer les objectifs, les méthodes et les résultats de la culture du coton dans le contexte historique de la concurrence économique britannique, du développement de l’industrie textile française, et de l’expansion de l’État français.
  • Émile KERN : D´un bicentenaire à l´autre : les images de Napoléon Bonaparte (1969-2009)
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Christian Amalvi,
    Paul Valery-Montpellier III
    Les différentes polémiques soulevées en 2005 au moment de la commémoration, ou plutôt de la non-commémoration de la bataille d’Austerlitz par l’État français, montrent que Napoléon Ier reste plus que jamais une grande figure de l’Histoire de France. Les divisions au sein du public mais aussi l’intérêt plus ou moins grand des dirigeants français pour le grand homme, se retrouvent lors des centenaires célébrés par Napoléon III puis par la Troisième République.
    Néanmoins, de toutes les célébrations, c’est celle du bicentenaire de la naissance, en 1969, préparée par le Général de Gaulle et célébrée par Georges Pompidou, qui a su créer l’unanimité autour de Napoléon Ier.
    Cette thèse a donc pour objectif de rappeler les divergences autour de la Mémoire de Napoléon Ier, les contextes de ces commémorations, et les images de l’Empereur qui y sont célébrées, qu’elles soient positives ou pas.

BOURSES D’ÉTUDES SECOND EMPIRE

  • Vincent HUET : Les Parisiens et la politique sous Louis Napoléon Bonaparte (1850-1870): des barricades aux urnes
    Thèse d’histoire sous la direction du professeur Jacques-Olivier Boudon,
    Paris IV Sorbonne

    Les comportements politiques adoptés par les Parisiens de 1850 à 1870 sont au coeur du sujet. Il s’agit de comprendre comment ces derniers ont développé un nouveau répertoire d’actions politiques, concurremment à l’ancien répertoire d’actions où la violence politique, par l’intermédiaire notamment des insurrections, avait une place prépondérante. Ce nouveau répertoire comprend principalement le vote, mais aussi les manifestations, pétitions et souscriptions qui se développent avec force durant ces années. La politique menée par Louis-Napoléon Bonaparte sous la Seconde République puis sous l’Empire permet ce processus de transition vers des formes démocratiques modernes. La répression envers les révolutionnaires et la rationalisation du maintien de l’ordre, conjuguées à la réaffirmation du vote au suffrage universel comme biais légal et légitime pour faire entendre sa voix dans le champ politique, obligent en effet les Parisiens à abandonner leurs pratiques traditionnelles. Cet ancien répertoire d’actions peut toujours être réactivé ? la Commune se chargea de le montrer ? mais dorénavant les Parisiens ont le choix primordial de la méthode. Ce processus de transition participe ainsi plus globalement du mouvement de « modernisation » qu’ont connu Paris et la France sous le Second Empire.

  • Nicolas PERSONNE : Les appartements des chasses au château de Fontainebleau, étude architecturale mobilière et décorative
    Thèse d’histoire de l’art sous la direction du professeur Yves Carlier,
    École du Louvre

    Construits sous Henri IV, occupés de manière pratiquement ininterrompue par les princes des familles régnantes jusqu’à la fin du XIXe siècle, les deux appartements des Chasses du château de Fontainebleau ont toujours été des lieux privilégiés de l’Histoire de cette vénérable demeure.
    En 1805 le premier étage fut choisi pour accueillir le prince et la princesse Joseph dans un mobilier entièrement renouvelé. C’est cependant sous le Second Empire que ces lieux vont connaître parmi les aménagements les plus aboutis de leur histoire avec l’installation du Prince impérial.
    Les recherches qui vont conduire à la complète restitution de cet appartement, d’un caractère tout à fait inédit dans les grandes demeures françaises, ont déjà permis d’appréhender les différentes particularités des espaces consacrés à l’héritier du trône ainsi que le passage, entre 1856 et 1868, de lieux consacrés à un nourrisson entouré de bonnes et autres berceuses à ceux occupés par un souverain en devenir sous l’autorité d’un précepteur.
    Parallèlement à cette étude exhaustive sur l’appartement du premier étage, une démarche identique a été amorcée pour son homologue du rez-de-chaussée. Si ce dernier ne bénéficiera pas d’une restitution, la dispersion de son mobilier d’origine étant trop considérable, l’ouverture d’une galerie de meubles a déjà parmi d’appréhender une première étude des décors. C’est à cette occasion qu’est apparu le rôle prépondérant, et désormais irréfutable, de l’Impératrice Eugénie dans l’architecture, la décoration et l’ameublement de cet appartement princier des années 1860.
    Dans les deux cas, c’est à une meilleure connaissance de la vie de Cour au château de Fontainebleau sous Napoléon III que cette présente étude est en très grande partie dédiée.

BOURSES D’ÉTUDES PREMIER – SECOND EMPIRE

  • Charles RENUCCI : Le patrimoine napoléonien à Ajaccio (1800-1969)
    Thèse d’histoire sous la direction des professeurs Philippe Chassaigne et Jean-Marc Largeaud,
    Université François-Rabelais de Tours
    Napoléon Bonaparte est né en Corse, à Ajaccio, le 15 août 1769. Cette ville ne fut pas un lieu d’exercice de pouvoir sous le Consulat ou le premier Empire, ni un lieu de résidence impériale, ni encore un lieu où l’Empereur construisit son mythe du glorieux combattant. Cependant, la cité ajaccienne possède une histoire indissociable de celle de Napoléon. Certes, l’Empereur y vit le jour mais le lien qui unit ce personnage à ce territoire ne peut se réduire à cette donnée. Un fil continu entre cette ville et cette homme se déroule de sa jeunesse jusqu’à nos jours. L’acte de baptême du jeune Bonaparte à Ajaccio fonde cette relation et nous nous proposons de l’étudier jusqu’en 1969, année du bicentenaire de la naissance de l’Empereur.
    Du Consulat à la Vème République, Ajaccio fut un lieu ou le mythe, la légende et le culte napoléonien s’ancrèrent dans le quotidien de ses habitants. Les traces sont multiples et disparates. Au-delà des aspects visuels et toponymiques que chacun peut constater en se promenant dans la cité ajaccienne, il existe une véritable présence napoléonienne dans l’histoire de cette commune, empreinte visible encore aujourd’hui. Sa vie politique, son urbanisme et son aménagement, ses manifestations et sa notoriété en tant que cité impériale entre autres sont des éléments sur lesquels le souvenir napoléonien influa. Par ailleurs, par un effet de réciprocité, il y eut progressivement une appropriation par les ajacciens du Souvenir napoléonien. Le folklore corse regorge de références en l’honneur de Napoléon. D’autre part, l’Empereur est aussi devenu un emblème pour cette population. D’une fierté locale à un atout touristique, son image évolua au gré des évolutions de la société contemporaine.
    Ainsi, cette thèse a pour objectif d’analyser les rapports entre un lieu, Ajaccio, et un personnage historique célèbre, Napoléon. L’aboutissement de ce travail consistera à déterminer si Ajaccio est un véritable lieu de mémoire napoléonien.