Bourses d’études 2014

BOURSES PREMIER EMPIRE

  • Olivier BAUSTIAN : Relations commerciales du royaume de Westphalie à l’époque du système continental 1807-1813
    Thèse d’Histoire sous la dir. du prof. Jan THIESSEN
    (Université de Tübingen – Allemagne). À la différence de son système politique et administratif, l’économie du royaume-modèle de Westphalie, que Napoléon a créé au nord de l’Allemagne avec le traité de paix de Tilsit en 1807, n’a jusqu’à présent jamais été étudiée. Sa politique commerciale, ses rapports commerciaux avec la France et les autres états de la Confédération du Rhin sont au centre du travail de cette thèse.
    Elle porte sur les efforts de modernisation des conditions de commerce d’un pays aux traditions hétéroclites (lois sur les patentes, abolition des barrières commerciales, …), sur le fonctionnement de ses douanes qui a pour objectif d’intégrer le pays dans le système continental en dépit du blocus qui l’influence et sous le contrôle de la France (création d’une ligne de douane contre la contrebande anglaise, publication du tarif de Trianon, …) par l’intermédiaire d’un Conseil spécial à Hambourg établi à partir de 1810. Cette surveillance étroite implique de nombreux efforts diplomatiques du petit royaume, pour se ménager des privilèges de la part de son empire tutélaire jusqu’à la campagne d’Allemagne de 1813.
  • Thomas BERNARD : Du sabre à la plume : le général d’Empire Fornier d’Albe (1769-1834). Vie privée d’un notable nîmois Thèse d’Histoire sous la dir. du prof. Jacques-Olivier BOUDON(Université Paris Sorbonne IV)Né en 1769 dans une famille protestante de négociants nîmois anoblis, le général Fornier d’Albe débute sa carrière militaire peu avant la fin de l’Ancien Régime, après une éducation exemplaire. Se distinguant dans les armées méridionales révolutionnaires, il est arrêté et destitué comme noble et fédéraliste, puis réintègre l’armée comme aide de camp du général Menou qu’il suit durant l’expédition d’Égypte. Il enchaîne ensuite les fonctions administratives à l’armée du Rhin, au camp de Boulogne puis dans les états-majors de la Grande Armée, avant de couronner son parcours par une défense de la place prussienne de Custrin pendant 13 mois en 1813-1814. Il ramène d’Égypte et de Custrin deux journaux exceptionnels qui éclairent le rôle des administrateurs de l’époque et les conditions de vie des soldats et de la population. Officier au caractère complexe, qui a des relations passionnelles avec ses maîtresses et exprime la force d’une conscience pré-romantique, Fornier d’Albe permet d’étudier la renaissance d’une famille, l’importance de la sociabilité civile et militaire, la profondeur d’une réflexion dans la défense des places, l’impact du gouverneur dans les rapports de force locaux et les erreurs de Napoléon en Égypte et en Prusse.
    Ce projet de thèse de doctorat s’appuie sur les sources des Archives départementales du Gard, du Service Historique de la Défense, des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale de France, avec comme « fil rouge » les écrits du « for privé » qu’il a produits. Entre histoire et anthropologie, cette thèse fera la lumière sur son cheminement intellectuel et psychologique, son rapport à l’argent mais aussi au corps, à la vieillesse et à la maladie, et ses positions politiques et idéologiques autour de la monarchie constitutionnelle et de la légende napoléonienne.
  • Camille DUCLERT : De la Révolution à la monarchie de Juillet, Edouard Bignon, un diplomate historien (1771-1841)
    Thèse d’Histoire sous la dir. du prof. Jacques-Olivier BOUDON
    (Université Paris Sorbonne IV)
    Consacrée à l’étude biographique d’Édouard Bignon (1771-1841), Cette thèse de doctorat se construit autour de la figure d’un diplomate napoléonien devenu, après la chute de Napoléon, homme politique renommé et historiographe de l’Empereur. Articulé autour de 1815, point de rupture dans la carrière de Bignon, ce travail comble les lacunes de l’historiographie impériale en mettant à l’honneur un parcours de diplomate représentatif des membres de la Carrière durant cette période, des postes diplomatiques encore peu étudiés, des institutions méconnues telles l’administration civile des pays conquis où Bignon exerce des fonctions importantes entre 1806 et 1812 et l’évolution politique des anciens fidèles de Napoléon après Waterloo.
    S’appuyant sur des sources archivistiques inédites aux Archives nationales, au Service historique de la Défense et aux Archives du ministère des Affaires étrangères, ce doctorat intègre également la totalité des discours et des ouvrages élaborés par Bignon de 1797 à sa mort, en 1841. L’ensemble de ces sources permet d’esquisser le portrait d’un homme marqué par l’épisode napoléonien et fidèle à une certaine image de Napoléon, qu’il contribue à redéfinir après la mort de l’exilé de Sainte-Hélène.
  • Bourse « MINOU AMIR-ASLANI » 2014 : Antoine RENGLET : La police des villes de l’espace belge de la Révolution à la fin du Premier Empire (1780-1814)
    Thèse d’Histoire sous la dir. des prof. Catherine DENYS (Université Lille III) et Axel TIXHON
    (Université de Namur – Belgique)
    L’histoire de la police connaît depuis plusieurs années un regain d’intérêt parmi les chercheurs. Dans cette historiographie en plein essor, l’évolution de la police classique, entendue comme gouvernement de la cité, vers une police moderne, davantage tournée vers des missions sécuritaires, demeure peu étudiée surtout pour la période de la fin de l’Ancien Régime à la fin du Premier Empire. Dans les pays ayant été sous domination française, c’est pourtant au cours de cette période qu’émerge véritablement une police davantage autonome, centralisée et uniformisée sur le plan institutionnel. Qu’en fut-il des pratiques ? L’implantation des institutions françaises dans l’espace belge a-t-elle été l’occasion d’y moderniser les polices urbaines ? A moins que ce processus de modernisation ne se soit déjà enclenché dès le XVIIIe siècle ?
    Cette thèse repose sur l’analyse d’archives produites dans le cadre de l’activité des polices urbaines. Cette collecte passe autant par les dépôts locaux, qui recèlent des documents issus de la pratique, que par les dépôts provinciaux et surtout nationaux où sont conservées les archives des préfectures et des ministères. Ce croisement d’archives doit permettre d’apporter des éléments tout à fait nouveaux dans l’histoire des polices municipales. De plus, l’approche comparative entre villes doit combler les lacunes qui résulteraient de l’étude d’un seul lieu. Notre thèse privilégie donc comme espaces géographiques les villes d’Anvers, Liège, Malines et Namur.La Fondation Napoléon et Me Ardavan Amir-Aslani sont convenus que, pendant cinq ans, une bourse d’études de la Fondation Napoléon porterait le nom de Mme Minou Amir-Aslani.
    Minou Amir-Aslani, née à Téhéran le 18 janvier 1935 et décédée à Paris le 13 septembre 2010, fut une grande dame passionnée de littérature et d’histoire. Particulièrement intéressée par l’histoire de la Révolution française et du Premier Empire, elle éprouva un réel intérêt pour la vie de l’Empereur Napoléon 1er et du rôle joué par ce dernier dans la codification des lois et dans l’organisation du système judiciaire français. Née en Iran à un moment déjà trouble de l’histoire de ce pays, elle n’a cessé, tout au long de sa vie, passée principalement en France et en Allemagne, d’œuvrer pour l’ouverture d’esprit et de l’acceptation de l’autre dans sa différence. Admiratrice de l’enseignement de l’histoire et du droit en France, pays de tradition de droit civil qui influença le système judiciaire et le droit positif de son pays d’origine, elle a toujours accordé le plus grand respect à la recherche universitaire. Elle considérait que la seule voie qui valait la peine d’être empruntée était celle de la quête de la connaissance, garante de l’indépendance d’esprit et de la liberté de ceux qui choisissaient de la prendre.

BOURSES XIXe

  • Mathieu CARON : Le Garde-Meuble et la Cour. Héritages et goût du mobilier d’Ancien Régime, du Consulat au Second Empire
    Thèse d’Histoire de l’art sous la dir. du prof. Barthélémy JOBERT
    (Université Paris IV Sorbonne)Ce sujet de thèse s’intéresse au phénomène du remploi de mobilier ancien dans les résidences – alternativement impériales et royales – ainsi qu’à la constitution des toutes premières collections d’arts décoratifs historiques. En étudiant précisément les achats orchestrés par le Garde-Meuble de la Couronne sous l’égide des souverains français, de Napoléon Ier à Napoléon III, et la psychologie associée à ces remplois, nous dessineront les tendances du goût pour le mobilier d’Ancien Régime après l’épisode de la Révolution et la restauration du Garde-Meuble par le Premier Consul Bonaparte. Il est également question de la place délicate des collections personnelles des souverains, théoriquement bien distinguées de la Liste Civile mais en réalité mélangées aux fonds publics. Les problèmes de liquidation des biens de la famille impériale rencontrés après la chute du Second Empire sont particulièrement significatifs de cette ambiguïté.
    L’enjeu de cette thèse de doctorat est de mettre en lumière la patrimonialisation naissante du mobilier et des espaces historiques au XIXe siècle. Au carrefour de l’histoire culturelle, de l’histoire de l’art et de l’histoire des familles royales et impériales, ce sujet permettra sans doute de faire apparaître des liens patrimoniaux forts, tant publics que privés, entre les régimes successifs, de 1800 à 1870, et expliquer ainsi un phénomène laissé pour compte du XIXe siècle.
  • Solenn HUITRIC : Les collèges d’enseignement secondaires : de la tutelle communale à celle de l’État
    Thèse d’Histoire sous la dir. du prof. Philippe SAVOIE
    (École Normale Supérieure de Lyon).
    Cette thèse porte sur l’étude des politiques publiques depuis les lois napoléoniennes jusqu’à la fin du Second Empire, prises sous l’angle de l’histoire de l’enseignement secondaire. Au début du XIXe siècle, l’enseignement secondaire public se construit à travers deux types d’établissements. Le premier est le lycée, établissement d’État, dans les villes les plus importantes. Le second est le collège communal : il est à la charge de la commune mais reste sous le contrôle de l’État, notamment pour la nomination des professeurs. L’enseignement est à peu près le même dans ces deux établissements, les lycées faisant figure de modèles pour les collèges communaux. De la Monarchie de Juillet à la fin du Second Empire, quarante-cinq collèges communaux sont érigés en lycées.
    Cette étude se propose d’interroger ces transformations et, à travers elles, la politique scolaire qui les accompagne. L’articulation entre l’entrée par l’établissement et l’étude d’une démarche nationale permet d’envisager de plusieurs façons le rapport entre des situations particulières et une dynamique de scolarisation. Le rôle des différents acteurs impliqués constitue l’un des axes centraux, notamment au cours d’une période scandée par des évolutions telles que la nécessité de préparer l’ouverture à la concurrence de la loi Falloux en 1850 ou l’arrivée d’un ministre volontaire sous le Second Empire, Hippolyte Fortoul. La construction d’une politique scolaire devient ainsi l’un des outils de compréhension des enjeux politiques et urbains d’une époque.